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Numérique à l'école : 40 ans de politique publique

Parmi les objectifs du gouvernement de François Hollande dans sa "refonte de l'école" figure un important volet consacré au numérique à l'école. Mais ce plan est loin d'être le premier. Depuis plus de 30 ans, la France tente de développer la place du numérique dans ses écoles.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
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"Notre
pays a accumulé du retard en la matière : le niveau d'équipement des
établissements scolaires demeure insuffisant et l'utilisation du numérique à des
fins pédagogiques trop limitée
", constate le ministère de l'Éducation.

Pour y remédier, le gouvernement de François Hollande prévoit, dans sa refonte de l'école, un volet entier consacré au numérique à l'école. Fin août, Vincent Peillon parlait d'une "stratégie ministérielle en matière d'e-eduction et de numérique à l'ecole " dans une allocution en ouverture de l'université d'été Ludovia.

Le ministre de l'Education évoquait alors un certain nombre de pistes concernant la formation des enseignants, l'intensification de l'équipement des établissements, le soutien scolaire en ligne, etc... "De nombreux secteurs sont modifiés par le numérique et tout particulièrement par Internet, qui ne peut donc pas rester à la porte de l'école ", déclarait le ministre. "I l appartient
donc à l'ecole de se saisir pleinement de cette évolution, aussi importante que la révolution du livre ou la révolution
industrielle
", indique-t-il dans cette allocution :

Premières initiatives dès 1970

Les démarches de l'Etat pour introduire le numérique (d'abord l'informatique) au sein des écoles françaises remontent aux années 1970. La plupart des chercheurs situent l'introduction de l'informatique dans l'enseignement général français à un séminaire de mars 1970 intitulé "L'enseignement de l'informatique à l'école secondaire" (extrait du séminaire à lire ici).

Il en découlera une circulaire ministérielle de mai 1970 fixant les premiers objectifs : "L'informatique est un phénomène qui est en train de bouleverser profondément les pays industrialisés et le monde moderne en général. (...) L'enseignement secondaire tout entier et dès la classe de 4e ne peut rester à l'écart de cette révolution. Il doit préparer au monde de demain dans lequel ceux qui ignoreront tout de l'informatique seront infirmes..." Entre 1972 et 1976, s'en suivra l'expérience dite des "58 lycées".

10.000 ordinateurs annoncés en 1979

En février 1979, le ministère de l'Industrie et la mission Informatique propose un plan visant à généraliser l'équipement des lycées : 10.000 micro-ordinateurs sont annoncés. Le 25 novembre 1980, le ministère de l'Education présente le plan qui comprend notamment une "formation intense des personnels" et une option informatique expérimentée en seconde.

En 1984, le 9e plan du gouvernement Mauroy prévoit que le système scolaire devra disposer de 100.000 ordinateurs sous quatre ans, et de 100.000 éducateurs formés à leur usage. Les choses ont bien avancé depuis puisqu'aujourd'hui le système éducatif français compte plus d'un million d'ordinateurs dans ses classes (selon les statistiques du ministère de l'Education).

1985 : le plan "Informatique pour tous"

En 1985, Laurent Fabius,
alors Premier ministre de François Mitterrand, lance le plan "Informatique pour tous" (IPT). "Le
plan IPT comportait trois axes essentiels : les matériels, les logiciels et la
formation des enseignants. Il a consisté en une dotation généralisée des
lycées, des collèges et des écoles en nanoréseaux, micro-ordinateurs personnels
et logiciels pédagogiques, et dans la formation des enseignants pendant les vacances
scolaires
", raconte Jean-Pierre Archambault, chargé de mission, dans un bilan de ce plan 20 ans plus tard. "Le
plan IPT a constitué un symbole très fort du caractère irréversible de la
mutation en cours vers la société de l'information
", indique le chercheur du Centre national de documentation pédagogique.

1995 : Internet arrive dans les écoles

A partir de 1995, Internet débarque dans les écoles et se généralise peu à peu. Reportage à Piquecos, dans le Tarn-et-Garonne, où une petite école développe son site Internet (17 ans plus tard, le site est toujours là mais a pris un sacré coup de vieux) :

2009 : Plan "Écoles numériques rurales"

A partir des années 2000, l'État commence à aider les communes rurales à se connecter, mais les disparités restaient encore grandes lors du lancement du Plan "Écoles numériques rurales" (ENR) en 2009.  

"Le plan École numérique rurale (ENR) est incontestablement un succès. Il a joué un rôle déterminant dans la réduction du retard pris par les écoles rurales en matière d'équipements et d'usages du numérique. Sa mise en place s'est effectuée dans des conditions satisfaisantes, à l'exception notable des ressources numériques ", indique un rapport de bilan en 2011.

Une question de "volonté", plus que de "moyens"

Selon Jean-Michel Fourgous, ancien député et maire D'Elancourt (Yvelines), les disparités régionales dépendent davantage "de la volonté des élus locaux que des moyens". "Il faut que les élus aient compris que le numérique est en train de transformer complètement la société, il y a des responsables qui l'ont compris, d'autres qui l'ont compris moins vite, mais tout cela va dans le bon sens ", juge l'auteur du rapport parlementaire sur les Technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement (2010).

Pour conclure, l'auteur de ce rapport cite le maire d'une petite commune rencontré au cours de l'enquête : "L'école, c'est notre usine, il n'y a pas d'industrie dans ce secteur très rural, pas
d'administration porteuse d'emploi ; si nous voulons attirer une nouvelle population, c'est en
offrant des services aux parents et particulièrement une école dynamique et forte".

Enfin, en 2010, 40 ans après les premières initiatives, Luc Chatel, alors ministre de l'Éducation, lançait un Plan de développement des usages du numérique à l'École. Et aujourd'hui c'est donc au tour du nouveau ministre de l'Éducation de s'attaquer au dossier, Vincent Peillon qui déclarait tout de même fin août : "Nous ne voulons pas rajouter un plan de plus, il y a en eu trop, trop petit, avec des effets insuffisants, mais inscrire cette ambition au coeur de la refondation de l'école ".

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