Le poisson zèbre pourrait aider à trouver un traitement réparateur de la moelle épinière
Les cellules de la moelle épinière de ce petit poisson sont capables de former un "pont" et de reconstituer la colonne vertèbrale brisée. Les scientifiques ont isolé des gènes codant la production d'une protéine importante dans le processus.
Le poisson zèbre pourrait détenir la clé d'un traitement réparateur de la moelle épinière, dont la rupture entraîne la paralysie et souvent la mort chez les humains, selon une étude à paraître dans la revue Science (en anglais), vendredi 4 novembre. Après avoir observé ces poissons, capables de régénérer leur moelle épinière, les chercheurs ont isolé une protéine jouant un rôle important dans ce processus.
Un exemple remarquable de régénération de tissu
Quand ces poissons ont la moelle épinière brisée, un processus réparateur se déclenche avec la formation littéralement d'"un pont". Les premières cellules sur les deux bords de la blessure se projettent à une distance des dizaines de fois leur longueur pour combler le vide créé par la rupture de la colonne vertébrale. Ensuite les cellules nerveuses se développent et la guérison est complète huit semaines après la blessure, rétablissant la mobilité du poisson qui était paralysé.
"C'est l'un des exemples les plus remarquables de régénération de tissu dans la nature", estime Kenneth Poss, professeur de biologie cellulaire à l'Université Duke en Caroline du Nord, l'un des principaux auteurs de ces travaux. "Vu le nombre limité de thérapies réparatrices disponibles, nous devons chercher des solutions chez les animaux comme le poisson zèbre."
Sept gènes actifs ont été isolés par les chercheurs
Une recherche génétique a permis aux chercheurs d'isoler sept gènes particulièrement actifs codant des protéines importantes dans la régénération des tissus. Parmi ceux-ci, un joue un rôle clé pour la régénérescence cellulaire. Quand ils ont bloqué l'expression de ce gène appelé CTGF, les poissons zèbres n'ont pas pu régénérer leurs tissus.
Humains et poissons zèbres partagent un grand nombre de gènes, dont celui produisant la protéine CTGF, qui est à 90% similaire à celle de cet animal. Quand les chercheurs ont inséré la version humaine de ce gène à l'endroit d'une blessure de la moelle épinière de poissons zèbres, les tissus se sont régénérés, redonnant aux poissons leur mobilité. "L'effet de cette protéine est frappant", soulignent ces scientifiques.
Mais il existe encore des bémols
Les scientifiques, malgré tout, pensent que cette protéine n'est pas encore suffisante pour réparer à elle seule la moelle épinière chez les humains. En effet, chez les mammifères, le processus est plus complexe car des tissus cicatriciels se forment autour de la blessures. Des recherches vont toutefois être entreprises, probablement avec des souris, pour déterminer avec quels types de cellules de mammifère cette protéine induit une régénérescence des tissus.
En parallèle, les scientifiques vont continuer leurs travaux sur d'autres protéines impliquées dans le processus réparateur de la moelle épinière des poissons zèbres. Plus largement, ces derniers sont de plus en plus plébiscités dans les laboratoires, rappelle Le Monde, car ils présentent de nombreux atouts pour les scientifiques. Qui sait quels mystères recèlent encore ses rayures.
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