Les députés autorisent la recherche sur l'embryon sous conditions
"Un quarteron de parlementaires UMP a essayé de transformer ce débat en deuxième tour du mariage pour tous en privilégiant des positions idéologiques très dures, parfois complètement surréalistes, alors qu'il s'agit de faire avancer non plus seulement la recherche mais aussi les essais thérapeutiques ". Cette déclaration du porte-parole des députés PS, Thierry Mandon, résume à elle seule l'enjeu des débats qui ont eu lieu à l'Assemblée nationale mardi et les jours précédents.
Les députés ont adopté mardi, par 314 voix contre 223, la proposition de loi déposée par les radicaux de gauche. La répartition des votes est celle qui était attendue : UMP et UDI contre, la Gauche dans son ensemble pour. Le texte, adopté par les sénateurs en décembre dernier, avait failli tomber à plat en mars, après une opération d'obstruction massive organisée par les députés UMP.
Deux conceptions inconciliables
À travers les débats à l'Assemblée nationale, ce sont bien deux idéologies différentes, deux conceptions bioéthiques qui se sont affrontées.
La proposition de loi du PRG met fin au régime de 2011, une "interdiction assortie de dérogations " accordées par l'Agence de la biomédecine, et instaure un régime "d'autorisation encadrée " de la recherche sur l'embryon.
D'un côté, Roger-Gérard Schwartzenberg, président du groupe des radicaux de gauche : "Il est grand temps de désentraver la recherche au profit des scientifiques et surtout des malades en attente de thérapies nouvelles ". De l'autre, le député UMP Philippe Gosselin, déjà en pointe contre le projet de mariage pour tous, qui estime que le texte cède à "l'idéologie, de la calinothérapie à l'égard des radicaux de gauche et puis aussi à la pression mercantile d'un certain nombre de laboratoires ".
Un serpent de mer
De fait, l'encadrement de la recherche sur l'embryon et les cellules souches, pour traiter par exemple la maladie d'Alzheimer ou encore les maladies cardiaques, est un vieux serpent de mer politique. "C'est une avancée que nous attendons depuis 35 ans " s'est exclamé mardi le député PS Jean-Louis Touraine.
En 2002 déjà, un texte avait été porté devant le Parlement, et même approuvé par des ténors de droite comme Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon avant d'être enterré avec l'élection présidentielle, a rappelé le radical Roger-Gérard Schwartzenberg. L'interdiction sous dérogations de 2004 avait été renouvelée en 2011.
Le débat passionné, qui a notamment jeté nombre d'opposants devant l'Assemblée nationale la semaine dernière, ne s'arrêtera pas là. L'UMP a d'ores et déjà annoncé son intention de déposer un recours devant le conseil constitutionnel.
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