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Procès des écoutes : "Je n'ai jamais commis le moindre acte de corruption. Jamais !", déclare Nicolas Sarkozy

L'ancien président de la République est jugé pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes" au tribunal correctionnel de Paris.

Article rédigé par Delphine Gotchaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Nicolas Sarkozy, le 7 décembre, au tribunal à Paris pour le procès "des écoutes". (IAN LANGSDON / EPA / MAXPPP)

Comme on s'y attendait, Nicolas Sarkozy a jeté toutes ses forces lors de son interrogatoire, lundi 7 décembre, dans le procès dit "des écoutes". L'ancien président de la République est jugé, au tribunal correctionnel de Paris, pour corruption et trafic d'influence. Il est soupçonné d'avoir, avec l'avocat Thierry Herzog, tenté de corrompre Gilbert Azibert, alors en poste à la Cour de cassation, pour obtenir des informations secrètes en marge d'une autre affaire. 

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On l'avait souvent vu depuis le début de l'audience, trépigner sur sa chaise, impatient de s’expliquer. Nicolas Sarkozy arrive donc à la barre, une pochette bleue à la main, qu'il pose devant lui et avec à l’intérieur un texte qu'il a écrit. Comme l'autorise la procédure, avant d'être interrogé, il peut faire ce qu'on appelle un propos liminaire. La voix parfois débordée par l'émotion, ou plutôt par la colère qui n'est jamais loin, l'ancien président de la République lance au tribunal : "Je n'ai jamais commis le moindre acte de corruption. Jamais !"

"Permettez-moi de parler avec toute la franchise qui est en moi, mais aussi l’indignation : Madame la présidente, je veux être lavé de cette infamie. Je veux la vérité dans les faits. Je veux la vérité du droit"

Nicolas Sarkozy

lors du procès des "écoutes"

Nicolas Sarkozy refuse de se poser en victime. Il revient sur les six années qu'il vient de vivre depuis le début de cette affaire. Il parle de sa garde à vue "devant la presse du monde entier", de sa mise en examen à plus de 3 heures du matin et des conversations privées écoutées "Mes enfants, ma femme, mon médecin, mes amis politiques, mon avocat… Pour quelles raisons ?", s'indigne l'ancien président en faisant de grands gestes avec les mains, son masque sous le nez, qu'il ne cesse de remonter. "C'est l'affaire du siècle, ironise l'ancien chef de l'État. C'est moi et ma seule présence qui déclenche tout cela. Est-ce que parce que je suis Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, on a le droit de me traîner dans la boue ? Je n'ai aucun droit pour être au-dessus. Je n'ai pas non plus à baisser la tête pour ce que je n'ai pas fait."

"Bismuth, c'est WhatsApp !"

Pour l’ancien chef de l’état, l’accusation a construit un scénario en sortant une dizaine d'écoutes des 160 enregistrées sur la ligne "Bismuth" : "Le nom de Gilbert Azibert est prononcé une dizaine de fois. C'est 7% des conversations sur Bismuth", s'agace Nicolas Sarkozy. "Si WhatsApp avait existé, je n'aurais pas eu besoin de Bismuth. Bismuth, monsieur le procureur, c'est WhatsApp !", lance l'ancien chef de l'État ce qui provoque des rires dans la salle.

"Mais tout de même, ces conversations où Thierry Herzog vous dit que 'ça avance dans le bon sens avec son ami Azibert' ?", insiste la présidente. "Madame, je veux être rassuré, Thierry me rassure. C'est ça l'histoire Bismuth : un justiciable inquiet, un avocat affectueux et des écoutes", répond Nicolas Sarkozy. "On parle d'un coup de pouce, poursuit l'ancien chef de l'État. Mais ma vie, madame la présidente, ça a été de donner un coup de pouce. C'est 40 ans de carrière politique, 40 ans de coups de pouce sans rien attendre en retour."

Face à l’animal politique, l’accusation parait déstabilisée, hésitante, et n'a qu'une vingtaine de minutes seulement pour poser ses questions, sans que cela fasse vaciller cet ancien président aujourd’hui prévenu.

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