Antisémitisme : Meta, maison mère de Facebook et Instagram, va retirer davantage de messages comportant le mot "sioniste"
Le groupe Meta, maison mère de Facebook et Instagram, vient d'annoncer un renforcement de ses restrictions concernant l'usage du terme "sioniste" sur ses réseaux. Meta va désormais retirer les messages comportant le mot "sioniste" quand il se réfère à des personnes juives ou israéliennes et contient des discours déshumanisants ou des stéréotypes antisémites.
"Nous allons maintenant supprimer les messages ciblant les 'sionistes' dans plusieurs domaines où notre enquête a montré que le terme tend à être utilisé pour désigner les juifs et les Israéliens, avec des comparaisons déshumanisantes, des appels à nuire, ou des dénis d'existence", a indiqué le groupe californien dans un communiqué publié mardi 9 avril. Autrement dit, il ne s'agit pas d'une interdiction totale de l'utilisation du mot "sioniste" sur Facebook ou Instagram, mais de son usage dans certains cas seulement.
Contre l'antisémitisme en ligne
Le géant des réseaux sociaux avait lancé une réflexion sur la modération de ce terme sur ses plateformes il y a cinq mois, "compte tenu de la polarisation croissante du discours public due aux événements au Moyen-Orient", précise le groupe de Mark Zuckerberg. Un travail a donc été réalisé avec l'aide de plusieurs experts tels des historiens, des juristes et associations, pour déterminer si le qualificatif "sioniste" désigne les partisans d'un mouvement politique ou le peuple juif ou israélien. Car si les règles de Meta autorisent les attaques générales contre des membres de partis, elle prohibe toutefois celles adressées contre des groupes de personnes définies par leur nationalité ou leur religion.
Meta admet être arrivé à la conclusion qu'"il n'y a pas de consensus global sur ce que les gens veulent dire quand ils utilisent le terme 'sioniste'", mais "sur la base de nos recherches et de nos enquêtes sur les plateformes concernant son utilisation pour désigner le peuple juif et les Israéliens en relation avec certains types d'attaques haineuses, nous supprimerons désormais les contenus qui ciblent les 'sionistes'" avec des discours de haine, assume le groupe. Meta cite l'exemple d'"affirmations selon lesquelles ils dirigeraient le monde ou contrôleraient les médias", les "comparaisons déshumanisantes, telles que des comparaisons avec des porcs, des saletés ou de la vermine" et "les appels à la violence physique". Jusqu'à présent ses modérateurs ne retiraient que les messages comparant les sionistes à des animaux ou quand les juifs ou les Israéliens étaient clairement ciblés.
Satisfaction des institutions juives
Le World Jewish Congress, fédération de communautés et organisations juives à travers le monde, juge que "ce changement de politique contribuera à créer un environnement en ligne plus sûr et plus respectueux pour tous" et émet le souhait "que toutes les autres plateformes suivront le leadership de Meta et prendront des mesures similaires."
En France, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a salué "cette décision de Meta qui envoie ainsi un message fort à ceux qui croyaient tromper la modération en utilisant le chapeau de l’antisionisme pour exprimer leur antisémitisme". Le Crif rappelle qu'"il y a quelques mois, le Crif et les interlocuteurs chez Meta en charge de décider des règles d’utilisation de la plateforme se sont rencontrés, afin de discuter de l’utilisation du mot 'sioniste'. En effet, ce mot est souvent utilisé par les antisémites pour échapper à la modération… si 'sioniste' était remplacé par 'juif', alors le contenu serait immédiatement modéré, et cette 'astuce' permet depuis de nombreuses années aux antisémites d’exprimer leur haine des Juifs."
De son côté, Amnesty International avait appelé Meta en février dernier à ne pas "interdire les critiques du 'sionisme' ou des 'sionistes' en général", pour ne pas "étouffer les voix qui s'élèvent contre les violations systématiques des droits des Palestiniens par le gouvernement israélien", pointant ainsi le risque d'une atteinte à la liberté d'expression. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont d'ores et déjà dénoncé cette mesure, certains évoquant une "censure", d'autres appelant à un "boycott définitif de Facebook."
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