"Nous sommes extrêmement vigilants sur les semaines à venir" : l'intensification des opérations militaires israéliennes au cœur des craintes des juifs de France
Au bout du fil, d'abord, un standard automatique : "Merci d'avoir rappelé la plateforme d'écoute psychologique de la cellule de crise de la communauté..." De quoi récolter quelques informations avant d'être rappelé par l'un des 90 psychologues bénévoles mobilisés. Chaque jour, ce sont une vingtaine d'appels sur la ligne d'écoute, soit environ 300 depuis le 7 octobre dernier et l'attaque du Hamas.
"On a eu des appels à la fois de gens de la communauté juive, certes, mais aussi des gens qui ne font pas partie de la communauté juive, détaille Lydia Liberman-Goldenberg, qui accompagne notamment les familles. On a eu pas mal de gens qui étaient sur place, qui étaient en vacances... Et quand ils sont revenus en France, les parents ont eu besoin d'avoir d'avis sur la conduite à tenir, notamment par rapport aux symptômes de leur enfant. J'ai ainsi demandé aux parents d'éviter que les enfants et qu'eux-mêmes regardent les images."
L'impact psychologique des attaques du Hamas
Cela peut en effet nourrir un stress post-traumatique, y compris chez ceux qui ne vivent le conflit qu'à distance, estime Ariel Goldmann, président du Fonds social juif unifié : "Après l'effroi, on se rend compte que l'impact psychologique des attaques du Hamas se ressent parmi la communauté juive dans l'Hexagone. Ajoutez à cela la multiplication des actes antisémites, quelques slogans et quelques images des manifestations qui ont eu lieu malgré les interdictions..." Lundi 30 octobre, Gérald Darmanin affirme qu'il y a eu "819 actes antisémites depuis le 7 octobre dernier" en France.
Pour Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, le regain de tension ces derniers jours en Israël complique un peu plus les choses. "Il y a bien sûr une inquiétude dans la communauté juive que, demain, l'intensification des opérations militaires au Proche-Orient puisse se traduire par encore davantage d'antisémitisme. Nous sommes donc extrêmement vigilants sur les jours, les semaines, les mois à venir."
"Nous savons malheureusement que, pour un certain nombre d'esprits vulnérables, s'attaquer à des Français juifs, c'est une manière pour eux de prendre part à leurs yeux, de manière dévoyée, à un combat contre Israël"
Yonathan Arfi, président du Crifà franceinfo
Au delà du choc, notamment pour ceux qui ont des proches en Israël, c'est donc une angoisse de fond que les psychologues de la ligne d'écoute s'attendent à devoir gérer sur la durée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.