Battue au requin à la Réunion
C'est une première prise. Sur la table des services vétérinaires dépendants de la préfecture de la Réunion, un requin d'un mètre cinquante, pesant 156 kilos. Il a été pris à une centaine de mètres de la très touristique plage de Boucan-Canot, à Saint-Gilles, sur la commune de Saint-Paul, lieu de rendez-vous des surfers, bodyboarders et des baigneurs de ce secteur de l'île.
C'est là que Mathieu Schiller, moniteur et champion de surf a disparu le 19 septembre, happé par un requin à 20 mètres seulement du rivage. Son corps n'a pas été retrouvé. Cette attaque mortelle a provoqué beaucoup d'émotion et une polémique sur les moyens de sécurisation.
Sur les 32 attaques de requins répertoriées à la Réunion ces 30 dernières années, 14 ont été mortelles. Les informations recueillies par la préfecture laissent penser que des individus se seraient sédentarisés à proximité du site, faisant redouter une augmentation des attaques.
Le préfet, Michel Lalande, a donc décidé d'employer les grands moyens et a délivré une autorisation de prélèvement de dix requins. Cette battue est ciblée sur deux espèces réputées dangereuses : les requins bouledogues et les requins tigres, à l'origine de la majorité des attaques dans l'île. Ces espèces ne sont pas protégées par la loi française, bien que répertoriées comme quasi-menacées par l'Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
Pas de risque zéro
Deux pêcheurs ont été mandatés par l'Etat pour une durée de trois jours, durant laquelle la baignade est interdite devant Saint-Gilles. Des gardes de la réserve naturelle ont embarqué pour vérifier que les spécimens pêchés appartiennent aux espèces ciblées. Les requins feront ensuite l'objet d'une autopsie pour tenter de mieux connaître l'espèce.
_ La Fondation Brigitte Bardot a protesté contre une opération qu'elle juge “démesurée”.
Après cette battue, la commune de Saint-Paul doit mettre en place des équipements de prévention. Mais le préfet rappelle qu'“il n'y a pas et qu'il n'y aura jamais de risque zéro”. Néanmoins, la compétition de surf de la ligue locale la semaine prochaine sera entourée de précautions draconiennes : bateaux, jet-skis, plongeurs et même, des scaphandriers.
Grégoire Lecalot, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.