Blouses blanches et enseignants-chercheurs font cortège commun
A Paris, plus de 50% des personnels hospitaliers sont en grève aujourd’hui, selon le ministère de la Santé. Un peu moins de 10% au plan national. Et c’est sans compter ceux qui se déclarent grévistes, tout en continuant à assumer leur charge de travail : ce "taux de mobilisation" enregistre un niveau jamais atteint : plus de 73% : les trois-quarts des personnels médicaux vent-debout contre la réforme Bachelot.
Les grévistes demandent au gouvernement de revoir sa copie sur le volet hospitalier de la loi "Hôpital, Patients, Santé, Territoires" (HPST) examiné à partir du 11 mai prochain au Sénat. Ses détracteurs dénoncent une "dérive mercantile" de la médecine hospitalière, et les pleins pouvoirs accordés aux directeurs d’hôpitaux au détriment du personnel médical.
Partie de la gare Montparnasse, la manifestation parisienne a gagné les abords du Palais du Luxembourg. "Pour la qualité et l’égalité d’accès aux soins. Défendons l’hôpital public. Contre la suppression des emplois. Contre l’hôpital-entreprise", pouvait-on lire sur la banderole en tête du cortège.
Et, fait rarissime, plusieurs "mandarins" et grands pontes de l’hôpital public se sont joints aux syndicalistes dans la manifestation, parmi lesquels les professeurs Bernard Debré, René Frydman, André Grimaldi et Marue-Germaine Bousser. Le cortège des blouses blanches a ensuite fait la jonction avec la manifestation des enseignants-chercheurs, qui dénoncent eux-aussi une "logique de rentabilité". Aux cris de "résistance !" et "sauvons le service public", les dizaines de milliers de manifestants ont pris la direction du Sénat.
D'autres défilés, de moindre ampleur, accompagnées ou non de débrayages, sont par ailleurs prévues en région.
Bras de fer en cas de passage en force
Déjà adopté en première lecture à l'Assemblée, le texte HPST est examiné au Sénat à partir du 11 mai. La majorité tente d'apaiser les critiques en promettant d'importantes modifications dans le texte. Mais elle reste ferme sur sa volonté de renforcer le pouvoir des directeurs d'hôpitaux, comme l'a souhaité le président Sarkozy. Au cas où le gouvernement déciderait de passer en France, les médecins semblent bien décidés, et ils l'ont dit, à ne pas appliquer la loi sur le terrain.
Le projet prévoit de regrouper les établissements en "communautés hospitalières" en transformant les conseils d'administration en conseils de surveillance chargés de veiller aux équilibres financiers, avec un nouveau directeur aux pouvoirs renforcés.
Gilles Halais, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.