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Carte militaire : le calme avant la tempête

Le premier ministre François Fillon doit dévoiler demain la nouvelle carte militaire. Une cinquantaine de communes sont menacées par des fermetures de sites. Elles attendent les arbitrages, prêtes à se mobiliser.
Article rédigé par franceinfo
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C'est une ambiance bien particulière, celle des villes de garnison, qui pourrait bien virer au sépia dans une cinquantaine de communes de France, sur les 471 qui comptent une implantation militaire. Oubliés, les trains de permissionnaires qui débarquent leur contingent du dimanche soir, le cheveu court et le sac kaki sur l'épaule. Fermés, les cafés, les commerces, les associations qui vivent de la présence des soldats et de leurs familles. Désertes, les guitounes devant la grande grille de la caserne ou l'entrée de la base aérienne. Pilule difficile à avaler en plus des 54.000 suppressions de postes dans la Défense, au programme du Livre blanc.

Devant la levée de boucliers prévisible de la part des élus locaux des populations, qui craignent de voir des communes et des pays entiers dévitalisés pour longtemps, le gouvernement a reculé au maximum les annonces des restructurations. Et c'est finalement le premier ministre lui-même qui va monter au front demain pour dévoiler la nouvelle carte militaire.

“Ligne bleue des Vosges”

C'est l'est de du pays qui devrait être le plus touché. La France, estiment les stratèges du Livre blanc de la Défense, n'a plus à avoir le regard tourné vers la “ligne bleue des Vosges”. L'Allemagne n'est plus l'ennemi héréditaire, et le Pacte de Varsovie n'existe plus que dans les livres d'Histoire.
Ainsi, le mythique camp de Mourmelon, site militaire depuis Jules César, devrait réduire considérablement sa voilure, avec un régiment de chars de combat sur le départ. Dans le même secteur Marne-Aisne-Oise-Nord-Pas-de-Calais, les bases aériennes de Reims et de Cambrai, le régiment de marche du Tchad de Noyon, l'artillerie de Marine de Laon, un régiment de transmission à Senlis et un autre de circulation routière à Arras, pourraient faire leurs bagages.
En Alsace-Lorraine, Bitche, célèbre pour sa citadelle qui résista aux Prussiens en 1870, risque de perdre son régiment d'artillerie. Et à Dieuze, en Moselle, c'est tout le secteur qui se mobilise autour du 13ème régiment dragons parachutistes, en partance pour le sud-ouest.

Autres régiments emblématiques menacés, le bataillon de chasseurs alpins de Bourg-Saint-Maurice ou le Centre d'entraînement et d'instruction au combat en montagne de Barcelonette.
_ Le reste de la France n'est pas épargné, et les élus les habitants de Bretteville-sur-Odon, dans le Calvados, sont mobilisés contre le départ de leur régiment de transmissions.

Pour panser les plaies, le gouvernement promet des compensations, sans préciser lesquelles. Il promet une enveloppe de 320 millions d'euros pour les villes qui perdraient leurs implantations, et - consolation suprême - la visite de Nicolas Sarkozy dans les communes concernées.

Grégoire Lecalot, avec agences

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