Cinquante ans après, les rapatriés d'Algérie se souviennent
En 1962, Yves a 23 ans. Il débarque à bord d'un chalutier à Port-Vendres, avec une trentaine de personnes, hommes, femmes, enfants. À leur arrivée, ils sont "complètement perdus, désorientés" , et "s'éparpillent, un peu partout". C'est le début d'un du travail d'adaptation, au milieu de Français qui les prennent "pour des colons" , explique Lisette.
"Dommage qu'on ne vous ai pas coulés"
L'intégration est difficile. Elle prendra des années, et Lisette aura longtemps l'impression d'être rejetée par la France. "Bien des années après, des gens m'ont dit : dommage qu'au large, on ne vous ai pas coulés. Et ça, c'était plus dix ans après. L'incompréhension dure." Aujourd'hui encore, toute une partie de la communauté des Pieds-Noirs se sent déracinée.
"Je ne suis pas rapatrié, je suis un expatrié"
"Je suis né là-bas, je regrette toujours mon Algérie" , explique l'un d'eux. "Même aujourd'hui, on se rassemble entre pieds-noirs, on ne parle que de l'Algérie, et j'en rêve." Alors ce terme de "rapatrié", il est tout simplement insupportable pour Jean-Claude : "Moi je ne suis pas rapatrié, puisque je n'avais jamais mis les pieds en France. Moi je suis un expatrié, j'ai été rejeté de mon pays."
Pour tous, cinquante ans après, la souffrance est encore bien présente. Certains sont retournés depuis en Algérie, d'autres refusent d'y mettre les pieds. Pour ne pas gâcher le souvenir qu'ils ont de "leur" pays.
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