Emmanuel Macron invite les députés de La République en marche à l'Elysée pour apaiser sa majorité
Le président de la République veut renouer avec les parlementaires LREM, afin de tourner la page du tollé sur le vote du congé de deuil parental.
Comme une thérapie de groupe à l'Elysée : le président de la République reçoit mardi 11 février les parlementaires de la majorité, à 20 heures. Une majorité en crise, après que les députés La République en marche ont rejeté une proposition de loi visant à porter de 5 à 12 jours le congé de deuil d'un enfant, le 22 janvier. Le sujet a fait exploser les tensions qui parcourent la macronie depuis des mois. Emmanuel Macron espère donc recoller les morceaux d'une majorité de plus en plus fracturée.
Les députés ont été blessés par les mots du chef de l'Etat. Emmanuel Macron les a appelés à "faire preuve d'humanité", alors qu'ils n'avaient fait que suivre les consignes du gouvernement. Beaucoup ont très mal pris cette intervention présidentielle. Il faut donc réparer ces "douloureuses fêlures", confie avec une pointe de lyrisme un membre influent du groupe à l'Assemblée. "Renforcer les liens", ajoute un autre, entre l'Elysée, Matignon et la majorité parlementaire, "écouter davantage" ces députés de plus en plus nombreux à se sentir inutiles et pourquoi pas, pour le président, faire son mea culpa, assumer sa part de responsabilité dans le fiasco.
Voilà les attentes de marcheurs dont le dénominateur commun est Emmanuel Macron lui-même. Si leur confiance en lui est ébranlée, l'édifice menace de s'écrouler. Une députée de l'aile gauche confie d'ailleurs qu'elle n'ira pas à l'Elysée, elle se dit désabusée et lasse de la politique menée. Une dizaine de ses collègues ont quitté le groupe La République en marche à l'Assemblée depuis le début du quinquennat, il reste plus de deux ans avant la prochaine élection présidentielle. Il est donc crucial pour le chef de l'Etat de préserver l'unité de sa majorité.
Une majorité fracturée
Lorsque l'on demande en privé aux députés d'analyser les raisons de cette crise, les critiques pleuvent. L'un d'entre eux décrit des collègues trop loin du terrain, "qui n'avaient pas les codes en 2017 et qui ne les ont pas acquis depuis". Il résume : "Le nouveau monde est resté enfermé dans une bulle".
Une autre fustige certains députés qui suivent "les yeux fermés" les injonctions gouvernementales, de simples "exécutants", validant ainsi une critique récurrente depuis le début du mandat (les fameux "députés godillots"). Des élus "pas suffisamment adultes", selon elle, qui ont besoin d'une "câlinothérapie".
Cruel, alors que la majorité doit faire front, face à des oppositions qui rejettent toute la réforme des retraites et alors que les élections municipales approchent. "Vu ce qu'on montre en ce moment, s'alarme une membre du groupe, les élus locaux qui ont l'étiquette En Marche ont du souci à se faire."
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