L'état de Vincent Lambert au cœur de la décision du Conseil d'Etat
La plus haute juridiction française doit notamment déterminer si le cas du jeune homme rentre dans le cadre de la loi Leonetti sur l'euthanasie.
Il doit rendre sa décision le 24 juin. Le Conseil d'Etat, qui doit arbitrer sur la fin de vie de Vincent Lambert, a reçu les conclusions du rapporteur public vendredi 20 juin. Tétraplégique, désormais dans un état végétatif chronique à la suite d'un accident de moto survenue il y a six ans, Vincent Lambert est au cœur d'un conflit qui oppose ses parents, qui souhaitent le maintenir en vie, à son épouse, son neveu et le corps médical, partisans d'un arrêt des soins.
Pour prendre cette lourde décision, le Conseil d'Etat doit notamment déterminer si le cas du jeune homme rentre dans le cadre de la loi Leonetti. Elle prévoit notamment la possibilité d'une euthanasie passive, à condition que le malade soit en "phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable".
Son état se dégrade-t-il ?
Depuis le mois de mai, les magistrats qui devront décider du sort de Vincent Lambert sont en possession du rapport d'expertise qu'ils avaient commandé aux médecins, lors d'une audience, en février. Ce document confirme les conclusions contenues dans le prérapport, notamment une "dégradation" de l'état de conscience du patient, tétraplégique et cloué sur son lit d'hôpital dans en état végétatif chronique.
Le document confirme également le caractère "irréversible" des lésions cérébrales du patient.
Peut-il communiquer ?
Le père et la mère sont persuadés que leur fils est "présent". Dans un entretien accordé jeudi au Figaro (pour abonnés), Viviane Lambert explique communiquer avec son fils : "Je l'ai pris un long moment dans mes bras. Puis j'ai craqué (...) Lui aussi. Ses yeux étaient embués de larmes, raconte la maman du patient. Je lui ai beaucoup parlé, c'était très fort. Je lui ai assuré que là où il ira, j'irai, je serai là."
A l'inverse, le neveu du jeune homme assure que toute communication est désormais impossible. Au micro d'Europe 1, il déclarait en janvier que personne ne pouvait "échanger avec lui". "Les meilleurs centres de France, et un des trois meilleurs du monde, ont essayé d'instaurer un code de communication avec lui, mais aucun n'est possible : ses réactions sont incohérentes d'une fois sur l'autre. On a toujours l'impression qu'il a des réactions, on a toujours envie de les interpréter dans un sens qui nous arrange, ou de dire qu'il a envie, qu'il est avec nous. La réalité, c'est qu'il n'y a aucune communication", argumente-t-il.
Est-il conscient ?
C'est le point le plus mystérieux pour le corps médical. Dans leur rapport, les experts ont pointé la dégradation de l'état de conscience de l'homme de 38 ans, mentionnant un état végétatif chronique. Une nuance qui pourrait changer la donne : en 2011, Vincent Lambert avait été diagnostiqué en état de conscience minimale, dit état "pauci-relationnel", par le Coma Science Group du CHU de Liège (Belgique), rappelle Le Point.fr. Dans ces conditions, "l'existence d'une activité émotionnelle au-delà du simple réflexe organique" ne pouvait être exclue, avait alors estimé le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, saisi de l'affaire.
Tout en indiquant que le patient est passé d'un état "pauci-relationnel" à un état "végétatif" qui, "en l'état actuel de la médecine, ne saurait s'améliorer", les experts médicaux relèvent toutefois que "le degré de l'atteinte de la conscience ne saurait constituer le seul élément déterminant de la mise en route d'une réflexion concernant un éventuel arrêt de traitement". Ils ajoutent enfin que "l'interprétation [des] réactions comportementales [de Vincent Lambert] comme un vécu conscient de souffrance ou comme l'expression d'une intention ou d'un souhait à l'égard de l'arrêt ou de la prolongation du traitement ne nous paraît pas possible".
A l'issue de ces conclusions, l'épouse de Vincent Lambert, Rachel Lambert, a exprimé une "forme de soulagement pour lui, dans le sens où il n'a pas conscience de l'état dans lequel il se trouve et dans lequel il n'aurait jamais voulu se trouver", avait-elle réagi, interrogée en mai sur RTL.
Cependant, les médecins estiment que "dans une telle situation et en l'absence de directives anticipées et de personne de confiance, le degré de l'atteinte de la conscience" de Vincent Lambert "ne saurait constituer le seul élément déterminant dans la réflexion du Conseil d'Etat concernant son maintien ou non en vie".
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