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Des centaines de tombes profanées au cimetière juif de Sarre-Union

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé dimanche soir que plusieurs centaines de tombes avaient été profanées au cimetière juif de Sarre-Union, dans le Bas-Rhin. François Hollande pourrait se rendre sur place mardi après-midi.
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Plusieurs centaines de tombes ont été profanées dimanche dans un cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin). Photo d'illustration © Maxppp)

Bernard Cazeneuve a condamné "avec la plus grande fermeté" un "acte odieux" après avoir annoncé dans un communiqué dimanche la profanation de plus de 200 tombes dans un cimetière juif du Bas-Rhin.  "La République ne tolérera pas cette nouvelle blessure qui meurtrit les valeurs que tous les Français ont en partage", a indiqué le ministre de l'Intérieur. Et " tout sera mis en oeuvre pour identifier, interpeller et déférer à la justice le ou les auteurs de cette ignominie", a-t-il assuré.

Une condamnation réaffirmée par l'Elysée dans la soirée. "La France est déterminée à lutter sans relâche contre l'antisémitisme et ceux qui veulent porter atteinte aux valeurs de la République", affirme le communiqué de la Présidence, alors que la lutte contre le racisme et l'antisémitisme a été déclarée "grande cause nationale" en décembre dernier. 

Le chef de l'Etat a annoncé ce lundi matin qu'il se rendrait mardi dans le Bas-Rhin, "si les conditions sont réunies." Sans plus de précisions.

"Il ne peut pas être toléré des actes antisémites dans notre pays. Il y a eu aussi des actes antimusulmans, antireligieux, ils sont aussi inacceptables. Rien ne sera toléré, rien ne sera laissé sans réaction" (François Hollande lundi matin)

Réagissant sur twitter, le premier ministre Manuel Valls a lui qualifié d'"acte ignoble et antisémite" la profanation de ces tombes et promis que "tout sera(it) mis en oeuvre pour retrouver les responsables".

"C'est épuisant de voir cette haine se développer" (Roger Cukierman, CRIF)

L'annonce de ces profanations a immédiatement provoqué colère et consternation dans de très nombreux milieux et au sein de la communauté juive de France. Sur France Info, Roger Cukierman, president du CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France, s'est dit "épuisé". "Que la moitié des tombes de ce cimetière (juif) aient été profanées, c'est effrayant. C'est épuisant, c'est désespérant de voir cette haine se développer, et cettte lâcheté , " a-t-il réagi. 

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"Aujourd'hui je crois qu'il est important d'être uni" (Sacha Reingewirtz, UEJF)

Sacha Reingewirtz, président de l'Union des étudiants juifs de France, a lui aussi dit sa consternation.  "Quand ces tombes sont attaquées, c'est comme si on voulait signifier aux Juifs qu'ils n'avaient pas d'histoire et qu'ils n'ont pas d'avenir. Aujourd'hui je crois qu'il est important d'être uni, solidaire, debout, face à  l’antisémitisme meurtrier ", a-t-il dit. "Je ressens beaucoup de solitude des Juifs de France ", face à ces actes, a-t-il poursuivi. 

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"Sur les premières rangées, on voit que toutes les tombes sont par terre" (maire)

Les tombes profanées ont été découvertes dimanche après-midi par une femme qui se rendait dans ce cimetière abritant pour l'essentiel des sépultures anciennes, la communauté juive de cette commune étant aujourd'hui peu nombreuse. "Nous pensons que plus de la moitié des tombes a été saccagée, stèles renversées, détruites... c’est absolument abominable ce qui est arrivé ",  raconte sur France Info Marc Séné, le maire de Sarre-Union.

  (Plus de la moitié des tombes du cimetière juif de Sarre-Union ont été profanées dimanche © Radio France / Olivier Vaugel)

"Nous sommes arrivés sur place il faisait déjà nuit. Sur les premières rangées, on voit que toutes les tombes sont par terre. Il n’y a pas de mot pour décrire ce qu’on ressent, c’est catastrophique ", poursuit-il, encore sous le choc. Un monument à la mémoire des victimes de la Shoah a également été dégradé.

Le cimetière juif de Sarre-Union avait déjà été la cible de profanateurs de sépultures. En 1988, une soixantaine de stèles juives avaient été renversées. Trois ans plus tard, en 2001, ce sont 54 tombes qui avaient été saccagées.

 

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