: Vidéo "Je ne suis pas devenu enseignant en pensant risquer ma vie en allant bosser !" Paroles de professeurs dans une école cernée par le trafic de drogue, à Nîmes
A Nîmes, dans le quartier du Chemin-bas d'Avignon, le groupe scolaire Georges-Bruguier est cerné par un trafic de stupéfiants qui fait régner un climat d'insécurité. Une équipe d'"Envoyé spécial" a posé sa caméra au cœur de l’école, et donné la parole à des enseignants qui n'en peuvent plus de se sentir en danger.
A Nîmes, l'école Georges-Bruguier a vécu une année rythmée par les faits divers. Dans le quartier du Chemin-bas d'Avignon, ce groupe scolaire se trouve dans un quartier cerné par les trafiquants de drogue. Depuis le mois de juin 2020, au moins trois fusillades ont eu lieu à seulement quelques mètres des bâtiments. Il s'agissait de règlements de comptes, qui ont fait un mort et un blessé grave.
Dans la cour de l'école, les intrusions de guetteurs fuyant la police ne sont pas rares. Quant à leurs cris d'alerte, "les 'Arah', je les entends toute la journée, confie un enseignant excédé. Je m'enferme dans la classe pour ne plus les entendre. Mais même enfermé, on peut les entendre encore..." L'équipe éducative a beau être très soudée, "ces intrusions de violence et de danger, ça nous échappe", constate l'une des enseignantes. Pour les enfants, qu'elles sentent inquiets, cette violence est "devenue banale, déplorent les institutrices de CP. Un exemple : "On a lu le mot 'balle', et pour eux, une balle, ce n'était pas un ballon [mais] la balle de l'arme."
"Notre place, elle est ici. C'est aux trafiquants de partir, pas à nous"
Les instituteurs n'en peuvent plus de cette insécurité permanente. "Je ne me suis pas engagé en étant enseignant en pensant risquer ma vie en allant bosser ! Que ça soit à l'école ou sur le chemin de l'école", s'exclame l'un d'eux. Leur entourage a du mal à comprendre pourquoi ils font le choix de rester ici. La plupart ont suffisamment d'ancienneté pour se faire muter ailleurs.
Mais le problème, martèlent-ils, "ce n'est pas l'école, c'est ce qui est à l'extérieur qui empiète. Notre place, elle est ici. C'est à eux [les trafiquants] de partir, pas à nous." Et d'en appeler aux pouvoirs publics : "C'est à la République de faire en sorte qu'il n'y ait pas de territoire abandonné, qu'il n'y ait pas de territoire où on ne se sent pas en sécurité."
Extrait de "Des trafiquants aux portes de l'école", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 27 mai 2021.
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