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Marche blanche en hommage à Julie Douib : "C'est important de mettre un visage, une histoire" sur les victimes

Françoise Brié, la directrice générale de la Fédération nationale Solidarité femmes, réagit samedi sur franceinfo aux trois marches organisées samedi en Corse en mémoire de Julie Douib, tuée par son ex-compagnon dimanche dernier.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale Solidarité femmes. (THOMAS SAMSON / AFP)

"C'est important" de mettre un "visage", une "histoire" sur la vie des victimes de féminicides, déclare Françoise Brié, la directrice générale de la Fédération nationale Solidarité femmes samedi 9 mars sur franceinfo, alors que trois marches blanches sont organisées en Corse et en Seine-et-Marne en hommage à Julie Douib, tuée dimanche dernier par son ex-conjoint malgré ses signalements.

franceinfo : Est-ce important de participer à ces marches blanches en hommage à Julie Douib et des victimes de féminicides ?

Françoise Brié : Je pense que c'est toujours important de faire sortir du silence ces femmes qui ont été tuées, de mettre aussi un visage, une histoire sur leurs vies pour faire en sorte qu'il y ait des réactions et une mobilisation de tous et toutes, c'est extrêmement important.

Les lois françaises sont-elles suffisantes pour lutter contre les violences faites aux femmes ?

Je pense que la législation française a très bien évolué depuis les années 1990 avec des lois en 2010, 2014, 2018, on a un arsenal à peu près complet. Maintenant, les lois ne sont pas forcément appliquées de la même façon sur tout le territoire français donc c'est une vraie problématique. Je pense qu'il faut faire en sorte qu'on ait une homogénéisation de l'application des lois. Par exemple, en matière d'ordonnance de protection, on sait très bien que certains des départements la délivrent beaucoup tandis que d'autres beaucoup moins. Ensuite, il y a la question de la formation de tous les professionnels qui vont être en contact avec les femmes victimes. Il est ainsi important que les dispositifs qui répondent à ces femmes soient spécialisés, c'est-à-dire avec des professionnels extrêmement bien formés et en nombre suffisant pour pouvoir répondre aux femmes dès qu'elles le souhaitent, au moment voulu, et leur apporter la réponse nécessaire.

Le besoin d'associations féministes pour aider ces victimes témoigne-t-il d'une carence de l'État ?

Dans un monde extraordinaire, l'État prendrait en charge tous les services. Quand les associations féministes sont là et accompagnent les femmes en direct, c'est essentiel parce que nous sommes là aussi pour observer les parcours, relever quand les dispositifs fonctionnent bien et relever aussi les dysfonctionnements et faire aussi toujours une mobilisation sur les droits des femmes. Et en effet, nous ne sommes pas encore dans un monde tout à fait idéal. (...) Notre travail est complémentaire, (...) et c'est à l'Etat d'organiser les réponses policières et judiciaires.

Julie Douib avait déjà fait des signalements, porté plainte, pourtant elle a été tué par son ex-conjoint. Les proches peuvent-ils jouer un rôle dans ces situations ?

Il faut que les femmes puissent sortir du silence et aussi s'adresser à des professionnels. Je pense que les proches et les voisins ont un rôle important à jouer dans le signalement, le soutien auprès de la victime. Mais ensuite, il faut vraiment qu'il y ait des professionnels qui puissent soutenir et accompagner les victimes. Qu'une association puisse aller avec elle au commissariat, l'accompagner dans son dépôt de plainte, préparer ce dépôt de plainte, évaluer le danger. Dans sa situation, évidemment, ce qui s'est passé est complètement aberrant. Avoir une femme qui a déposé plusieurs plaintes, qui avait un conjoint qui possédait une arme, qui la menaçait de mort et en plus en période de séparation : cela aurait nécessité des réactions à la hauteur de ce qu'elle vivait. Je pense qu'auprès d'une femme victime on peut aussi, quand on est proche, aller au commissariat de police, écrire une lettre au procureur pour signaler une situation, si la victime n'arrive pas à obtenir des réponses au moment où elle va déposer plainte. [...] Je rappelle à cet égard le numéro d'écoute nationale 3919, anonyme, gratuit, confidentiel et que les femmes, leurs familles et leurs proches peuvent appeler si elles ont des questions.

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