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Mort de Gisèle Halimi : ces deux procès qui ont fait avancer la cause des femmes

L'avocate et ancienne députée Gisèle Halimi, qui a consacré sa vie à la cause des femmes et à la défense du droit à l'avortement, est décédée lundi à 93 ans. Certains de ses procès ont marqué l'opinion publique.

Article rédigé par Gaële Joly - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Gisèle Halimi, aux côtés de l'actrice Delphine Seyrig, le 11 octobre 1972 lors du procès de Marie-Claire Chevalier, au tribunal de Bobigny. (MICHEL CLEMENT / AFP)

Sur les marches du palais de justice de Bobigny, Marie-Claire Chevalier respire. Nous sommes en 1972 et la jeune femme de 17 ans sort libre de son procès. Accusée d'avoir avorté après avoir subi un viol, elle vient d'être relaxée. Son avocate, Gisèle Halimi, sait qu'une bataille vient d'être gagnée. "Le procès lui-même a marqué un pas irréversible", déclare-t-elle devant la presse.

Gisèle Halimi parvient à mobiliser l'opinion, ouvrant la voie à la dépénalisation de l'avortement, début 1975, avec la loi Veil.

"Des mentalités pires que moyenâgeuses"

Trois ans plus tard, en 1978, c'est un autre combat qu'elle remporte, au tribunal d'Aix-en-Provence. Quatre ans plus tôt, Anne Tonglet et Araceli Castellano, deux jeunes touristes belges, sont violées, battues par trois hommes pendant cinq heures, dans une calanque de Marseille. Gisèle Halimi défendra Anne Tonglet lors de ce procès qui marquera une étape très importante dans la reconnaissance du viol en tant que crime.

Anne Tonglet se souvient de l'ambiance délétère qui régnait à l'époque. "On nous a craché dessus, on nous a insultées, on nous a bousculées, raconte-t-elle au micro de franceinfo. Gisèle Halimi a été menacée de mort, encore après le procès." Selon elle, "il y avait 5% de chances qu'on puisse faire reconnaître le viol comme crime tellement cette société était patriarcalisée à l'extrême, c'était des mentalités pires que moyenâgeuses. Moi, je m'attendais à ce qu'on perde."

C'est extraordinaire, elle avait une confiance en elle, une force, une puissance !

Anne Tonglet

à franceinfo

Anne Tonglet décrit une femme à l'"aura forte, d'une puissance. Elle connaissait son dossier sur le bout des doigts, elle était très calme, très polie, mais en étant très rentre-dedans quand même, elle choisissait ses mots... percutants. Tout en elle montrait qu'elle avait la passion de la justice, la passion des justes causes, de la liberté des femmes."

Les violeurs d'Anne Tonglet et d'Araceli Castellano seront condamnées, et en 1980, la loi sur le viol change. Toute sa vie, Gisèle Halimi poursuivra son combat féministe. Encore l'an dernier, dans une interview adressée au journal Le Monde, elle adressait aux femmes ce message : "Ne vous résignez jamais."

Deux grands procès de Gisèle Halimi : écoutez le reportage de Gaële Joly

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