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"C'est totalement absurde" : quand des professeurs sont en vacances forcées parce qu'on ne finalise pas leur mutation

Alors que les vacances de la Toussaint démarrent samedi pour 861 000 professeurs, une partie d'entre eux sont au repos forcé depuis la rentrée. L'Éducation nationale refuse de finaliser certaines mutations, ce qui engendre des situations ubuesques.

Article rédigé par Anne Lamotte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Certains professeurs se retrouvent en congés forcés parce que l'Éducation nationale ne valide pas leur mutation. Photo d'illustration. (MAXPPP)

Le samedi 21 octobre marque le premier jour des vacances de la Toussaint. Les 861 000  professeurs et enseignants français sont donc en congés. Si pour la plupart cette situation est temporaire puisque ces vacances durent deux semaines, pour d'autres, ce sont des vacances forcées depuis la rentrée. En effet, l'Éducation nationale refuse de finaliser la mutation de certains professeurs, ce qui engendre souvent des situations absurdes, à l'image de ce que vit Chloé, une institutrice de 38 ans. 

Grenoble dit oui à sa mutation, Paris refuse

Institutrice depuis plus de 10 ans, Chloé est aujourd'hui complètement désabusée : "C'est totalement absurde", déplore la jeune femme. En début d'année, son mari et elle prennent une décision : ils vont quitter Paris avec leurs deux enfants pour la Haute-Savoie. Dans la foulée, avant l'été, l'institutrice fait une demande d'ineat et d'exeat, c'est-à-dire qu'elle requiert à l'académie de Grenoble de l'accepter dans ses rangs et réclame à l'académie de Paris de la laisser partir. 

Le reportage d'Anne Lamotte

C'est d'abord l'académie de Grenoble qui lui écrit, en juin dernier. Une réponse positive. L'académie manque d'instituteurs et accepte que Chloé vienne travailler chez elle. Logiquement, la jeune femme pense alors que sa mutation est validée. "Je me dis que si on m'a acceptée dans l'académie de Grenoble où je veux aller travailler, c'est sûr que Paris va me lâcher puisque, de toute manière, à Grenoble ils ont besoin de moi."

Une situation "tristement banale" 

Problème : une semaine plus tard, Chloé reçoit, cette fois-ci, la réponse de Paris. Elle est négative. Faute d'effectifs suffisants, l'académie refuse de céder Chloé. L'institutrice, qui a pu tout de même suivre sa famille jusqu'en Haute-Savoie, n'exerce donc plus. "Je n'ai rien à faire", résume-t-elle. Elle s'énerve : "Je trouve ça complètement absurde, étant donné que j'arrive dans une académie où ils ont besoin de profs." Les opportunités ne manquent pas en Haute-Savoie, selon elle.

Je sais que je pourrais travailler. Il y a des postes qui attendent, ils ont besoin de moi.

Chloé, institutrice de 38 ans

à franceinfo

La situation de Chloé est "tristement banale", selon Véronique Maury, secrétaire générale du syndicat Snudi-FO. L'année dernière, environ 600 professeurs des écoles ont demandé à quitter l'académie de Paris. Un peu moins de 200 ont obtenu satisfaction. Le manque de professeurs dans la capitale n'est pas le seul problème. "C'est partout pareil. Ce ne sont pas des témoignages d'un département vers un autre département, ce sont des témoignages qui sont généralisés." D'après elle, cette situation est de plus en plus inquiétante au fil des années. "Il y a dix ans, il y avait environ 40% des collègues qui étaient mutés. Là, on est passé à un peu plus de 20%." La solution, d'après les syndicats, passe notamment par le recrutement. 

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