"Avant, je n'aimais pas lire" : comment un collège de l'Aisne lutte contre les difficultés évoquées par les enquêtes Pisa
Depuis le début des années 2000, selon les dernières enquêtes Pisa, la France se distingue par un accroissement du nombre d’élèves "peu performants" en lecture. Un collège de Laon, dans l'Aisne, se bat contre ce constat en multipliant les dispositifs d'aide.
Chaque semaine, Lylia, Hugo et Dylan ont une séance de lecture juste pour eux. Chacun doit lire trois fois un texte à voix haute. L'objectif est d'augmenter à chaque fois le nombre de mots lus en une minute, sans faute, et c'est leur professeure qui chronomètre. Vingt-cinq élèves bénéficient de ce dispositif au collège les Frères Le Nain de Laon, dans l'Aisne. Ce département est l'un des plus touchés par les difficultés des jeunes en lecture (17% des élèves concernés), difficultés soulignées dans l'enquête annuelle Pisa (programme internationale pour le suivi des élèves) de l'OCDE, dont l'édition 2019 est dévoilée mardi 3 décembre.
Au collège les Frères Le Nain de Laon, les élèves inscrits dans ces séances personnalisées ont tous été repérés dès la rentrée car ils lisaient moins de 100 mots à la minute. 100 mots à la minute, "c'est ce qu'on attend d'un élève en 6e pour qu'il puisse être suffisamment confortable dans la lecture, détaille Marcia Borrel, professeure de français, pour ensuite pouvoir comprendre le texte, éventuellement répondre à des questions et en dégager un sens. Il s'agit de lire suffisamment rapidement pour se donner le temps d'interpréter le texte."
Prendre du plaisir à lire
Ces séances sur la vitesse de lecture portent déjà leurs fruits. Depuis septembre, dix des élèves suivis ont atteint les 100 mots par minute. "Avant je n'aimais pas lire, j'ai vu que j'avais beaucoup de difficultés et du coup ma mère m'a acheté plein de livres. Tous les soirs, je lis au moins dix minutes pour voir si j'ai augmenté", explique Lylia, une collégienne qui est passée de 46 à 90 mots par minute.
Des élèves qui reprennent plaisir à lire, c’est aussi ce que constate Marcia Borrel : "Ça leur permet aussi de se sentir décomplexé puisqu'il y en a beaucoup qui arrivent en début de 6e avec une véritable angoisse de lire à voix haute devant les camarades. Se retrouver dans une structure où le professeur est là, où ils vont passer plusieurs fois, où ils sont avec des élèves qui ont les mêmes difficultés qu'eux... Cela les renforce, car ils se disent qu'ils vont pouvoir y arriver en classe."
Un niveau de lecture stable
À Laon, ce protocole rigoureux a fait ses preuves sur le long terme. Selon le principal, Luc Carion, il n y a qu’à voir les résultats actuels des premiers élèves à en avoir bénéficié, il y a trois ans. "On a souvent une décrue, un élève moyen en 6e devient très insuffisant en 3e. Alors que là, pour ces élèves, trois ans plus tard, on a des résultats qui sont restés en l'état. Il n'y a pas eu de miracle non plus, mais au lieu de passer d'une moyenne de 11 à 5, ils sont restés à 11 et c'est déjà une victoire", affirme Luc Carion. Pas de miracle, mais des élèves qui, au moins, ne décrochent pas.
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