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Des cours de culture écologique à Sciences Po : "On ne peut pas éviter ce sujet si on veut travailler en politique", selon une étudiante

À partir de cette année, 1 700 étudiants de première année de Sciences Po Paris vont suivre un cours obligatoire lié au changement climatique. franceinfo a assisté au premier cours.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Entrée de Sciences Po Paris, en mai 2022. (MANUEL COHEN VIA AFP)

Les étudiants qui s'installent sur les bancs du grand amphithéâtre de Sciences Po Paris sont à la fois ceux qui vont vivre de plein fouet le changement climatique et ceux qui vont accompagner la mutation de la société. Les étudiants de première année ont eu leur premier cours de "culture écologique" obligatoire, lundi 16 janvier. "On ne peut pas éviter ce sujet si on veut travailler en politique de nos jours", lance Apollena, 18 ans. 

>> A l'université Paris-Dauphine, les cours sur les enjeux écologiques ne convainquent pas toujours la "génération climat"

Pendant plusieurs jours, et sur un total de 24 heures de cours, les étudiants vont être initiés aux enjeux de la transformation environnementale. Une façon de lier climat et action publique ou monde de l'entreprise. Mais c'est aussi une réponse aux demandes des étudiants qui sont de plus en plus en quête de sens. "Pour l'instant, les documents qui nous ont été donnés sont assez généraux que l'on connaît, comme le 6e rapport du Giec, explique Apollena. On attend de voir quel cours politique on peut tirer de documents scientifiques."    

Ces étudiants ne partent pas de zéro. Ils sont tous déjà sensibilisés à l'environnement. Mais ils n'ont pas forcément les outils pour agir ou peser sur les choses. Cassandre, 18 ans, mesure l'ampleur de l'enjeu : "Même si dans la théorie, on a une prise de conscience, dans la pratique, il n'y en a pas forcément, admet l'étudiante. On voit qu'on continue à consommer énormément. On est dans la surconsommation. Je pense qu'il y a aussi un problème dans la conception qu'on a de l'écologie dans le sens où on pense que tout va être très facile, alors qu'on va devoir faire des sacrifices et ça, il faut l'internaliser."

Sur la scène, micro à la main, Pierre Charbonnier déroule le plan du premier cours. Il est philosophe, spécialisé dans les rapports entre nature et société. Il parle de l'évolution de la Terre et des sujets polémiques, avec l'idée de rendre les choses lisibles. "Je ne suis pas là pour leur dire : voilà quelles sont les solutions ou la ligne que vous devez suivre, explique Pierre Charbonnier. Je leur montre des dilemmes, des controverses, comment c'est structuré, qui sont les acteurs, les parties prenantes, les différentes positions existantes." 

"Boussole" pour l'avenir 


Ce module est sur 24 heures de cours. Il est obligatoire. Il se fait dans un moment où les grandes écoles sont bousculées sur le sujet du climat, notamment par les étudiants "bifurqueurs" ces diplômés qui refusent de suivre la voie tracée et de travailler pour des entreprises qui n'en font pas assez en matière d'écologie, face à l'urgence climatique. "C'est une génération qui combat la dissonance, souligne Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po Paris. La dissonance entre les paroles, par exemple dans une entreprise, et la pratique. Elle combat la dissonance y compris au sein de l'université entre différents enseignements. Il y a donc une forme de recherche de cohérence qui me paraît fondamentale et qui va être un vrai aiguillon, une vraie boussole pour les politiques publiques, les politiques des entreprises, etc."

Au total, 1 700 étudiants de première année vont suivre ce type d'enseignement, dispensé sur tous les campus de Science Po (Dijon, Le Havre, Nancy, Menton, Paris, Poitiers, Reims).

Cours obligatoire de "culture écologique" à Sciences Po : le reportage d'Etienne Monin

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