Proposition de loi pour interdire l'écriture inclusive : "Je la vois tous les jours dans le métro, sur l'affichage publicitaire", répondent ses partisans
La proposition de loi qui vise à interdire l'usage de l'écriture inclusive sera examinée à l'Assemblée nationale, après avoir été adoptée au Sénat en octobre dernier. Cette écriture suscite de vives polémiques. Les parlementaires ont en effet estimé "que l'impossibilité de transcrire à l'oral les textes recourant à ce type de graphie gêne la lecture comme la prononciation, et par conséquent les apprentissages". Selon eux, l'écriture inclusive est "une menace pour la langue française". Les critiques sont tournées vers le point médian mais les défenseurs de l'écriture inclusive rappellent que ce n'est qu'une des pratiques - d'ailleurs très minoritaire - pour rendre le langage moins sexiste.
L'écriture inclusive, voilà plus de 20 ans qu'Isabelle Meurville, traductrice indépendante de l'anglais vers le français, la pratique : "Je suis féministe depuis toujours. Donc quand je me suis mise à traduire des centaines, des milliers de mots par jour, je me suis dit que ce n'était pas possible de tout laisser au masculin."
"La demande est beaucoup plus forte"
Aujourd'hui, elle dispense des formations avec d'autres consœurs traductrices : "Pour la formation que j'ai créée en 2015, la demande est très clairement beaucoup plus forte. On est sollicités par des indépendants et indépendantes, qui veulent se former parce que leur propre clientèle le réclame, par des entreprises, des organisations, des écoles pour les jeunes générations."
L'écriture inclusive est aussi un outil de travail indispensable pour François Millet. Il dirige le programme sciences et société du Dôme, un espace culturel scientifique à Caen : "On essaye à chaque fois de citer féminin et masculin. Parfois, on utilise des pronoms comme iels. Nous, on parle beaucoup d'animateurs, animatrices scientifiques, on peut utiliser des termes comme animateurices. C'est presque parfois volontairement qu'on rajoute des '.e' ou des points médians. Pour dire oui, c'est effectivement aussi pour les jeunes femmes et pour tout le monde."
"Il y a quelque chose qui relève parfois effectivement d'un volontarisme, qui peut être plus ou moins bien perçu. Mais ce sont les personnes auxquelles on s'adresse qui comptent le plus."
François Millet, directeur du programme sciences et société du Dôme, à Caenfranceinfo
Alicia Birr, elle, ne se pose pas la question. Cette experte en communication dit parler de manière inclusive exclusivement : "100% de ma pratique orale et écrite est inclusive. J'ai trois enfants qui ont moins de 10 ans donc je leur parle en inclusif tout le temps. Et j'observe les effets que ça a sur eux et sur leur représentation mentale, notamment des métiers. Ils sont scolarisés en école maternelle et élémentaire, j'entends et je lis les maîtres et les maîtresses écrire des messages dans les carnets de correspondance où il y a écrit 'le lecteur et la lectrice', parfois il y a un petit point médian. Même si théoriquement avec la circulaire Blanquer, c'est interdit."
L'écriture inclusive déjà dans l'espace public
Alicia Birr constate que l'écriture inclusive est déjà partout dans l'espace public : "Je le vois tous les jours quand je prends le métro, je vois l'affichage publicitaire de la RATP et de la SNCF quand elles cherchent des conducteurs et des conductrices." Des études montrent que les femmes sont plus susceptibles de postuler à des annonces d'emplois dans lesquelles l'écriture inclusive est utilisée selon une récente étude citée par le CNRS.
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