Education : ces mesures prises sous le quinquennat Hollande auront-elles toujours cours avec Macron ?
Rythmes scolaires, réforme du collège, éducation prioritaire... Le nouveau ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a commencé à préciser les principales mesures prévues pour l'école. Et n'hésite pas, parfois, à revenir en arrière.
Cela ressemble un peu à une opération de détricotage. A peine nommé, le nouveau ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, entend déjà revenir sur deux des grandes réformes lancées sous le quinquennat de François Hollande. A savoir les rythmes scolaires et la réforme du collège. Un projet de décret, permettant le retour à la semaine de quatre jours, va d'ailleurs être soumis à un vote, jeudi 8 juin, au Conseil supérieur de l'éducation (CSE). Franceinfo revient sur les principaux chantiers initiés, en matière d'éducation, depuis 2012, et surtout ce qu'il en reste depuis l'élection d'Emmanuel Macron.
Les rythmes scolaires
La réforme. Annoncée en 2013 et mise en place partout à la rentrée 2014, les nouveaux rythmes scolaires sont une des mesures phares du précédent gouvernement. C'est aussi celle qui a suscité une levée de bouclier. Avec la réforme, les élèves du primaire vont à l'école quatre jours et demi par semaine. En plus des quatre jours habituels, le mercredi matin ou le samedi matin, est travaillé. La réforme introduit également trois heures d'ateliers périscolaires. Ces activités sont organisées par chaque municipalité avec une aide financière fournie par l'Etat.
Ce qu'elle devient. Retour en arrière et menu à la carte. Dès la rentrée 2017, les villes qui le souhaitent pourront revenir à la semaine de quatre jours, après concertation avec les parents et aval de l'inspection d'académie. Le décret, qui offre cette possibilité, doit être publié dans l'été. Des villes comme Marseille, Nice ou encore Furiani (Corse) ont déjà annoncé un retour aux quatre jours. Elles peuvent aussi, bien sûr, décider de maintenir les rythmes actuels. Mais il n'est pas sûr du tout, qu'après 2019, les aides de l'Etat soient maintenues pour financer les activités périscolaires, rappelle Le Monde.
La réforme du collège
La réforme. Elle vise à lutter contre l'ennui supposé des élèves. Pour y parvenir, la réforme des collèges a introduit les EPI, les enseignements pratiques interdisciplinaires. Les professeurs de différentes matières travaillent ensemble dès la 5e dans huit domaines comme le "développement durable", "sciences et société", "corps, santé et sécurité", "langues et cultures de l’Antiquité". L'idée est de mêler autour d'une même thématique plusieurs disciplines. Avec la réforme, les classes bilangues et les sections européennes ont été supprimées. Le latin et le grec n'ont pas disparu partout, mais la voilure a été largement réduite, puisque ces langues ne bénéficient plus de financement spécifique. En revanche, une deuxième langue est étudiée dès la 5e, un an plus tôt qu’auparavant.
Une nouvelle carte d'éducation prioritaire
La réforme. Depuis la rentrée 2015, ne les appelez plus ZEP (zone d'éducation prioritaire), mais REP ou REP+ (réseau d'éducation prioritaire). En réalité, la nouvelle carte de l'enseignement prioritaire à travers les REP et une version renforcée de ces derniers, les REP+, était censée remplacer les ZEP, mais aussi toutes les politiques et les programmes en la matière. Dans ces classes de REP et REP+, les effectifs sont censés ne pas dépasser 25 élèves, rappelle Le Figaro.
Ce qu'elle devient. Dans son programme sur l'éducation, Emmanuel Macron ne revient pas sur la carte de l'enseignement prioritaire. En revanche, dans les classes de CP et CE1, les effectifs doivent passer à douze élèves et ce, dès la rentrée 2017 dans les REP+. Les syndicats craignent que le dédoublement des classes remplace le dispositif "plus de maîtres que de classes", mis en place dans les CP et CE1 de REP et de REP+ sous le quinquennat Hollande. Cette mesure consiste à affecter un enseignant supplémentaire en renfort dans ces écoles.
Le recrutement de professeurs
Ce qui a été fait. François Hollande avait promis la création de 60 000 postes dans l'Education nationale. En 2017, 12 800 postes ont été créés. Si on y ajoute les 47 200 emplois déjà créés depuis 2012, l’objectif est atteint, rapporte Le Monde. Des moyens supplémentaires donc, mais pas répartis de la même manière partout. "Ils ont été concentrés dans les territoires qui en avaient le plus besoin", a précisé Najat Vallaud-Belkacem, l'ancienne ministre de l'Education nationale, lors de la présentation du budget 2017, le 28 septembre.
Ce qui est prévu. Emmanuel Macron veut poursuivre le recrutement des professeurs, mais dans une moindre mesure par rapport au quinquennat de François Hollande. Le président de la République table sur la création de 4 000 à 5 000 postes durant son quinquennat.
Le redoublement
Ce qui a été fait. L'ancienne ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem a pris en novembre 2014 un décret affirmant "le caractère exceptionnel du redoublement".
Ce qui est prévu. Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, souhaite "autoriser à nouveau le redoublement" dès l'année scolaire 2017-2018. Il a jugé "absurde" de "laisser passer de classe en classe des élèves accumulant des retards", dans un entretien au Parisien, jeudi 8 juin. "Le redoublement doit rester possible quand c'est dans l'intérêt de l'élève, et dans des cas qui doivent rester rares", a-t-il nuancé.
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