Education : comment fonctionne la classe inversée qui bouleverse les habitudes ?
La méthode de la classe inversée fait son chemin, du primaire au lycée. Elle implique la découverte du cours à la maison et les exercices en classe. Une semaine d'information lui est consacrée jusqu'au 4 février.
La méthode d'enseignement de la classe inversée est en vogue. En France, entre 15 000 et 20 000 enseignants d'école élémentaire, de collège et lycée l'appliquent déjà. Les élèves apprennent le cours chez eux et travaillent les exercices en classe. À l'occasion d'une semaine d'information, du 30 janvier au 4 février, consacrée à cette méthode, les enseignants qui la pratiquent ouvrent leur classe à leurs collègues intéressés, comme au collège de Ballancourt, dans l'Essonne.
Un travail de groupe après une réflexion solitaire
Vue de l'extérieur, l’application de la classe inversée est déroutante. Au début du cours, sans même une consigne, des élèves de 6e sortent cahiers, fiches et livres. La classe se met à travailler par petits groupes de quatre élèves. Sans attendre, ils échangent sur les exercices à faire. Leur enseignante, Laurence Flament, ne se mêle pas à leurs conversations. Elle n'intervient qu'"à leur demande ou quand ils sont partis dans une mauvaise direction".
Le principe de la classe inversée implique que le cours se déroule hors de la classe, par exemple à partir d’une courte vidéo réalisée par le professeur, regardée par les élèves à la maison ou au collège sur le temps libre. En mathématiques, les enfants ont ainsi suivi un cours pour comparer des prix et réfléchir sur les décimales.
Le temps en classe, lui, sert aux exercices en petits groupes. Selon la professeure, les élèves sont "gagnants", en cherchant par eux-mêmes. "Quand on est en classe traditionnelle", dit Laurence Flament, "ce sont souvent les mêmes élèves qui donnent les réponses. Les autres se contentent de recopier ce qui est au tableau et le jour du contrôle, ils ne savent pas forcément faire les exercices".
Une participation en classe plus équitable
Cette professeure de mathématiques estime que la préparation de ses cours lui demande entre quatre et cinq heures de travail supplémentaire par semaine, par rapport à la méthode classique, mais elle n'affiche aucun regret. "J’ai enseigné autrement pendant douze ans, avec des classes très amorphes qui attendaient que le temps passe" explique Laurence Flament, ajoutant : "Alors j’ai cherché autre chose."
Mathématiques, histoire-géographie, sciences et vie de la terre, musique, plusieurs enseignants appliquent la pédagogie inversée au collège de Ballancourt. D'autres s'y intéressent, comme Tiphaine Vinay, professeure de français, venue en spectatrice. Sensible au bruit, elle reconnaît que "le niveau sonore" du travail en groupe est "très raisonnable". Elle voit aussi "des élèves très appliqués" dans leur travail et se dit séduite par le déroulé de la classe inversée.
Des conditions au succès
Les enseignants adeptes de cette méthode reconnaissent toutefois qu'il faut des conditions favorables pour la mener à bien ; à savoir une hiérarchie dans l'établissement scolaire impliquée, du matériel informatique suffisant mais aussi, à la base, des élèves qui ont le potentiel pour devenir autonomes en classe.
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