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Les corrigés du bac philo

En partenariat avec le magazine L'Etudiant, voici quelques corrigés de l'épreuve de philosophie de ce matin. Histoire de se faire sa propre opinion, sur sa réussite ou son échec...
Article rédigé par franceinfo
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Série L

- Que gagne-t-on en travaillant ?

Problématique : Le "que" invite à un plan catalogue, piège à éviter !

Il s'agit d'interroger ce que peut apporter le travail , qui est spontanément associé à un gagne-pain et en même temps à une idée de contrainte (soumission au processus vital, nécessité de produire en transformant la nature nos moyens de subsistance), de pénibilité et de dépense d'énergie physique et psychique. C'est l'aspect labeur du travail, que vient compenser la production ou le salaire (seulement en partie selon Marx) qui ne sont pas en eux-mêmes des gains, dans le sens où cela vient juste compenser ce qui a été perdu au travail ( temps, force, parfois même son humanité et son âme). Mais peut-on réduire le travail à cela, le travailleur à l' " animal laborans " comme le dit Hannah Arendt. Ne peut-il pas y avoir dans le travail une dimension d'œuvre par laquelle l'homme s'affirme comme homme et individu, et par là un véritable gain, par delà ces compensations ? Mais la trouve-t-on dans tout travail ? Quel travailleur est gagnant ? Et qu'est-ce qu'on entend par gain ? On dit que travailler c'est " gagner sa vie ", mais qu'est-ce qu'une vie gagnée ?

Plan possible :

I. on dit que travailler , c'est " gagner sa vie "...

  • on doit en effet produire de quoi survivre donc on gagne cela
  • en tant qu'activité économique, le travail permet d'avoir sa place dans la société
  • devenu une des valeurs centrales de nos sociétés

Transition : mais le salaire n'est que ce que l'on reçoit en échange de l'effort fourni, c'est la contrepartie ; la transformation de la nature est un résultat, non un gain. La satisfaction de nos besoins n'est que la condition de leur renaissance , soumission au processus vital.

IV. il n'y a rien à gagner dans le travail, un simple moyen de survivre :

  • le travail est un effort douloureux imposé par l'aiguillon de la nécessité historique ( trop nombreux pour se contenter de puiser dans la nature ou rupture de l'harmonie avec la nature chez Rousseau) ou même naturelle : nature inachevée qui nous condamne à devoir transformer la nature pour répondre à nos besoins. Il est labeur, punition dans la Génèse, contrainte

  • le travail est une contrainte, la marque de notre asservissement au processus vital, d'où sa condamnation dans la Grèce antique ; c'est une activité indigne d'un homme libre, c'est pourquoi elle est réservée aux esclaves.

  • le travail comme " labeur du soir au matin " est " la meilleure des polices " pour Nietzsche dans Aurore : il épuise force nerveuse, tue l'initiative individuelle et réduit les vues de l'homme à un " but mesquin "

Transition : ce que condamne Nietzsche, c'est une certaine forme de travail, celle de la révolution industrielle, où les machines, la logique quantitative de la production et la consommation triomphent. C'est que Marx dénonçait comme aliénation du travail, dépossession. Mais s'il y a dépossession dans le labeur, c'est que le travail ne se réduit pas à cela ? 

III. il peut y avoir quelque chose à gagner ( par delà le salaire qui n'est pas en soi un gain!) dans le travail :

I. - le travail permet de façonner la nature pour en faire un monde humain. Le travail est un élément fondamental de la culture. Selon Marx, c'est par là que l'homme se distingue de l'animal.

  • lorsqu'il y a technique, production d'une œuvre, le travail permet de s'affirmer comme homme et individu ( dialectique du maître et de l'esclave de Hegel, " cogito pratique "). En travaillant, l'homme se fait homme et s'affirme pour lui et pour les autres ( reconnaissance sociale).

  • le travail permet aussi de conquérir la liberté en formant la volonté et " la mystique exige la mécanique " selon Bergson.

Conclusion : si le travail ne se réduit pas à un gagne-pain, s'il y a en lui technique et œuvre, il peut être un gain pour l'homme. Mais il faut que le travail reste un travail, un moyen de gagner sa vie et non une fin en soi et un moyen de pouvoir s'affirmer pour ensuite pouvoir se réaliser en tant qu'homme et individu. Gagner sa vie, ce n'est pas encore la réussir.

 

Série S

- Serions- nous plus libres sans l'Etat ?

Problématique : L'État, c'est une puissance politique institutionnalisée, séparée de la société civile, ayant le monopole de la violence légitime dans l'exercice de son pouvoir pour que la société se tienne debout et instaure en théorie un état de droit. Il peut être vu spontanément comme un pouvoir extérieur à soi, coercitif et donc opposé à la liberté au sens de " droit illimité à tout ce qui tente l'homme et qu'il peut atteindre ", de liberté naturelle, d'indépendance ; l'entrée sous l'autorité de l'État est entrée dans l'état civil et ses lois et sortie de l'état de nature sans lois, si ce n'est celle du plus fort pour certains ( Hobbes contre Rousseau). Le problème est de savoir si cette opposition entre État et liberté est pertinente, car l'institution qu'est l'État présuppose une volonté humaine et l'État apparaît aussi comme ce qui permet la coexistence des libertés. Et donc de s'interroger sur le réalisme rêve anarchiste d'une abolition de l'État, qui pourrait n'être qu'un cauchemar. Le sujet présuppose que nous sommes malgré tout libres sous l'Etat avec le plus, qui sous-entend une liberté déjà acquise mais réduite, donc que l'homme peut être libre en société et que tous les États, leur suppression ayant la même conséquence possible.

Plan Possible

I.La suppression de l'Etat semble promettre plus de liberté

  • L'État est un pouvoir qui impose des lois et donc des limites à la liberté or on peut penser que la liberté se devrait d'être illimitée ( thèse anarchiste) . A chaque limite levée, la liberté s'en trouverait élargie.

  • l'État est un pouvoir extérieur à l'individu, soit parce qu'il ne se reconnaît pas dans ces décisions ( principe de la majorité), soit parce que ce qu'on attend de lui comme citoyen ne correspond pas à ses aspirations individuelles immédiates.

  • l'État n'est pas l'incarnation de la volonté générale, il est aux mains des dominants ( Marx). Ceci dit Marx n'est pas anarchiste, sa thèse du " dépérissement de l'État " n'est pas celle de la suppression de l'État mais de sa forme historique, pour qu'il soit ce qu'il doit être, incarnation de la volonté générale du peuple et défenseurs de l'intérêt général.

Transition : donc l'État peut apparaître comme liberticide et sa suppression comme libératrice, mais sans État, les hommes seraient-ils pour autant maître d'eux-mêmes ?

II. L'Etat comme condition de la liberté :

  • sans Etat, on peut penser que ce sera le désordre ( thèse de Hobbes, l'État de nature comme état de guerre généralisée) et que ce ne serait pas pour autant la sortie de l'hétéronomie, car on n'obéirait pas pour autant qu'à soi. La loi de l'État évite d'avoir des maîtres.

  • pour qu'il y ait une suppression de l'Etat et une vie en société possible ( dont l'homme ne peut se passer), il faudrait présupposer une cohésion sociale par d'autres voies : société holistes ou compromis sacrificiels, qui obligerait chacun à sacrifier une partie de sa liberté. Sans État, la liberté ne serait pas pour autant totale.

  • selon Rousseau, c'est le passage de l'état de nature à l'Etat civil, qui permet à l'homme de conquérir sa liberté, en passant d'une soumission à l'impulsion, d'un esclavage du désir à l'écoute de la raison. C'est dans et par l'État que l'homme accède à la liberté comme autonomie, liberté certes limitée mais protégée par les lois de l'État et bien réelle.

  • l'Etat est le fruit de la volonté des hommes, il présuppose la liberté et peut la conserver si les hommes n'y renoncent pas.

Transition : donc l'État n'est pas nécessairement le fossoyeur de la liberté et des libertés , il peut être vu comme instrument et condition d'une existence libre. Dès lors plutôt que supprimer l'État, il s'agit peut-être de le réformer, de le surveiller pour qu'il soit ce qu'il doit être. A quelles conditions serions-nous plus libres avec l'Etat ?

III. L'Etat ne menace la liberté que si nous ne la protégeons pas

  • l'obéissance et la résistance sont les " deux vertus du citoyen " selon Alain. L'obéissance garantit l'ordre, condition de la liberté et la résistance, la liberté en ne se soumettant pas aveuglement à l'Etat.

  • l'Etat n'est que le représentant du peuple, " le ministre du peuple ", c'est ce que rappelle Rousseau dans son Contrat social. Le peuple doit donc veiller à ce que l'État ne glisse pas sur sa pente naturelle.

  • Tocqueville rappelle aussi que c'est parce que nous demandons toujours plus à l'État, lui donnant toujours plus de pouvoir, que la démocratie peut dégénérer en un paternalisme doux, nouvelle forme de despotisme. La liberté n'est menacée par l'État que si nous lui préférons la sécurité, les jouissances matérielles et la passion de l'égalité.

  • Avons-nous le devoir de chercher la vérité ?

  • Explication du texte de Rousseau

 

Série ES

 

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