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Benoßt Hamon abandonne les "ABCD de l'égalité"

Le ministre de l'Education nationale cherche une alternative pour enseigner l'égalité entre hommes et femmes à l'école, aprÚs des mois de polémique.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un tableau dans une classe de maternelle, le 13 janvier 2014. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

BenoĂźt Hamon annoncera formellement lundi 30 juin le sort rĂ©servĂ© aux "ABCD de l'Ă©galitĂ©" qui, aprĂšs des mois de polĂ©mique, ne seront pas reconduits, croit savoir Le Monde. L'enseignement de l'Ă©galitĂ© entre les filles et les garçons devra prendre une autre forme. "Rendez-vous lundi pour l'annonce du plan d'action pour l'Ă©galitĂ© filles-garçons Ă  l'Ă©cole dĂšs la rentrĂ©e 2014, au service d'une ambition rĂ©affirmĂ©e", ont dĂ©clarĂ© sur Twitter le ministre de l'Éducation nationale et sa collĂšgue des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, samedi 28 juin.

Pourquoi les "ABCD de l'égalité" sont-ils enterrés ?

Cette expérimentation, conçue pour lutter contre les stéréotypes fille-garçon à l'école, est testée depuis la Toussaint, de la grande section de maternelle au CM2, dans 600 classes de 275 écoles dans dix académies. L'intention était ensuite de généraliser le dispositif à la rentrée 2014.

Les folles rumeurs. Mais le programme est fortement attaquĂ© par des mouvements proches de l'extrĂȘme droite et des opposants au mariage homosexuel. L'Ă©cole a ainsi Ă©tĂ© secouĂ©e par de folles rumeurs - des garçons obligĂ©s de porter des robes ou des cours de masturbation en maternelle - au nom d'une prĂ©tendue "thĂ©orie du genre" enseignĂ©e aux enfants.

Un bilan pourtant positif. Le ministre de l'Education l'assure : "le bilan est positif pour les ABCD". En janvier, un bilan d'Ă©tape publiĂ© par le ministĂšre le dĂ©montrait : "75 % des enseignants pensent dĂ©sormais pouvoir agir sur la durĂ©e, sur eux-mĂȘmes et sur les Ă©lĂšves pour crĂ©er les conditions d'une Ă©ducation Ă  l'Ă©galitĂ© pour les filles et pour les garçons".

Quelles réactions cette marche arriÚre provoque-t-elle ?

La consternation des féministes. L'association Osez le féminisme !, qui réclame la généralisation des ABCD, le dit sans détour, dans une réaction rapportée par Le Lab : "Il s'agit, au prétexte d'apaiser la situation, de donner satisfaction à des groupuscules réactionnaires et conservateurs qui ont fait du maintien d'une société traditionnelle, hétéronormée et patriarcale leur cheval de bataille." L'ancienne présidente du Medef, Laurence Parisot, y voit aussi un "retour en arriÚre".

Le triomphalisme des ultra-conservateurs. C'est une "victoire" pour Farida Belghoul, meneuses du mouvement d'opposition aux ABCD de l'égalité, à l'origine des journées de retrait de l'école. Dans un communiqué cité par L'Express, elle rend hommage à "la convergence islamo-catholique ! (...) Hommage aux alliés, Christine Boutin, Béatrice Bourges (leader du Printemps français), (...) à Alain Escada, président de l'Institut Civitas". Tous ont été en pointe contre l'ouverture du mariage aux homosexuels.

Que prévoit l'Education nationale pour les remplacer ?

L'entourage de Benoßt réfute pourtant "tout abandon de l'éducation à l'égalité fille-garçon". Elle "est prévue et elle va se faire", dit-on.

Former les enseignants. Cette Ă©ducation va s'inscrire dans "la formation, initiale et continue, des enseignants qui sera dĂ©ployĂ©e". En outre, "les outils dĂ©matĂ©rialisĂ©s mis Ă  la disposition des enseignants vont ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s et amĂ©liorĂ©s en fonction de ce que dit le rapport d'Ă©valuation" remis rĂ©cemment au ministre.

Changer le contenant, pas le contenu. Sur France Culture, Benoßt Hamon a  indiqué, mercredi, "vouloir inscrire la lutte contre les inégalités" entre hommes et femmes "dans le socle commun" de connaissances, de compétences et de culture que tout élÚve doit avoir maßtrisé à la fin de la scolarité obligatoire, à 16 ans. Le ministre insiste sur le fait que l'essentiel est "dans le contenu, pas dans le contenant". Une option qui laisserait "un an de plus au gouvernement pour sortir de la polémique : le nouveau 'socle' n'entrerait en vigueur qu'à la rentrée 2016, si l'on se fie à un agenda mouvant", explique Le Monde.

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