Pourquoi les enseignants marseillais demandent-ils à la mairie de rénover les écoles de la ville ?
Un collectif d'enseignants dénonce les conditions de travail et d'accueil des enfants dans les établissements de Marseille.
La mise en place d'"un état d'urgence dans les écoles marseillaises". C'est ce que demande, lundi 1er février, le collectif Castellane, qui réunit des enseignants de plusieurs écoles des quartiers Nord de Marseille (Bouches-du-Rhône). Ils "exigent" de la mairie des moyens supplémentaires pour rénover les établissements, en état de délabrement. Cet appel fait suite à la lettre envoyée par une enseignante, Charlotte Magri, en novembre dernier à Najat Vallaud-Belkacem.
Celle-ci invite la ministre de l'Education à visiter son école : "Au petit matin nous pourrions déplacer ensemble la grosse pierre qui ferme la porte d’entrée de l’école depuis que la serrure a été forcée une fois de trop. Nous pourrions passer ensemble une délicieuse matinée dans notre classe à la douillette température de 13 °C", écrit l'enseignante. Le mouvement prend de plus en plus d'ampleur et le journal Libération y consacre la une de son édition du mardi 2 février. Pourquoi cette détresse croissante des enseignants marseillais ? Francetv info vous donne les trois raisons principales.
Parce que les conditions de travail sont exécrables
A Marseille, les enseignants décrivent des écoles délabrées, des salles de classe aux murs imbibés d'eau, des dalles criblés de trous et des sols pleins d'amiante. La liste des problèmes est longue. "Salle de sport dans la cave, tuiles qui tombent dans la cour, bâtiment en préfabriqué qui se voulait provisoire il y a quarante ans et aujourd'hui rongé par la moisissure, papier toilette inexistant", énumère par exemple Libération.
L'enseignante Charlotte Magri évoque même, à cause de radiateurs en panne, des classes dans lesquelles il fait 13 °C. Sur Twitter, l'institutrice diffuse ainsi cette photo d'une élève frigorifiée devant son bureau.
@najatv 4/12/15 Vous affirmez @Europe1 avoir lu ma lettre ouverte "avec un grand intérêt". Aurons-nous une réponse? pic.twitter.com/fPFnPVYwBv
— Charlotte Magri (@CharlotteMagri) 13 Janvier 2016
Parce que la situation est généralisée à toute la ville
Ce problème ne touche pas que quelques écoles des quartiers Nord de la cité phocéenne. Annie Lévy-Mozziconacci, conseillère municipale PS, explique à Libération : "L'école est un parent oublié de la politique municipale quel que soit l'arrondissement." Sur son site, Charlotte Magri rappelle, elle aussi, que son école n'est pas la seule concernée par ces problèmes : "J'ai reçu de nombreux commentaires et témoignages. Cette école n’est pas un cas isolé", raconte-t-elle.
Une parente d'élèves décrit également une situation qui, des quartiers Nord aux quartiers plus "favorisés", ne change guère, faute de motivation de la part des élus. "A Marseille, l'état des écoles dépend de la capacité des parents d'élèves et ou des directeurs à se mobiliser, dénonce Lise Massal. Dans les quartiers favorisés, les familles sont parfois plus armées pour faire pression sur les élus, et l'école de leur enfant a plus de chance d'être mieux entretenue. Mais malheureusement, les plafonds qui s'écroulent, les cafards, les locaux vétustes, cela n'a rien d'exotique à Marseille." Face à ce vaste constat, la pétition lancée mi-janvier par Charlotte Magri a déjà recueilli plus de 15 000 signatures.
Parce que la mairie ne fait rien pour régler les problèmes
"En matière éducative, la politique de la municipalité est atone. On a l'impression qu'il n'y a pas de stratégie et, surtout, aucune transparence", regrette Annie Lévy-Mozziconacci dans les colonnes de Libération. A toutes ces critiques, l'élu d'opposition, adjointe au maire chargée des écoles, répond toutefois que 31,6 millions d'euros ont été investis pour la rénovation des écoles en 2015. Elle ajoute que la municipalité doit gérer de nombreux établissements. "Nous avons beaucoup d'écoles à entretenir, 444, c'est énorme, contre 250 à Lyon. Et surtout, la mairie centrale gère tout, là où dans d'autres grandes villes, les mairies de secteurs ont une partie de la gestion", se défend-elle.
Le rectorat d'Aix-Marseille, lui, ne peut rien faire et rappelle que les écoles maternelles et élémentaires sont à la charge des communes. Quant au gouvernement, il affirme avoir prévu la création de 330 postes d'enseignants dans la ville pour septembre prochain et avoir déjà versé 3,9 millions d'euros à la mairie depuis 2014 pour des travaux dans ses établissements scolaires.
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