Grève des correcteurs du bac : "Dans ma longue carrière, je n'ai jamais vu ça", explique un professeur bientôt à la retraite
Yves Moreau, professeur de mathématiques était l'invité de franceinfo.
"Je prends ma retraite à la fin de l'année. Dans ma longue carrière, je n'ai jamais vu ça. Cette réforme Blanquer a été faite sans aucune concertation, c'est du caporalisme", déplore jeudi 4 juillet sur franceinfo Yves Moreau, professeur de mathématiques au lycée Victor Duruy à Paris.
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Selon le ministre de l'Éducation nationale, jeudi soir, 30 000 copies du bac n'avaient toujours pas été rendues. Les jurys du bac ont été perturbés par des professeurs grévistes qui protestent contre les réformes du bac et du lycée, prévues par Jean-Michel Blanquer.
J'étais dans un autre lycée parisien que celui où j'exerce, ça s'est très très mal passé
Yves Moreau, professeur de mathsà franceinfo
"D'abord, quand on est arrivés, les présidents (qui sont des universitaires) et les vice-présidents (qui sont des enseignants du secondaire) étaient en réunion pour entendre la bonne parole ministérielle, et savoir ce que nous devions faire", raconte l'enseignant, qui prendra sa retraite à la fin de l'année.
"Dans mon jury, il n'y avait ni président, ni vice-président. Ils étaient grévistes tous les deux. Nous étions donc livrés à nous-mêmes, c'était très problématique, indique le professeur. Finalement, un inspecteur pédagogique régional a remplacé au pied levé. Nous avons voté, très majoritairement, contre le fait de délibérer, donc de prendre en compte le contrôle continu."
Un métier de plus en plus dur
C'est la solution trouvée par le ministre Jean-Michel Blanquer : remplacer par les notes du contrôle continu (obtenues durant l'année scolaire) les notes des copies retenues par les enseignants grévistes. "Cela constitue une évidente rupture d'égalité par rapport aux élèves qui, eux, n'auront pas eu cette possibilité. On a vu des candidats qui, au bac, se retrouvent avec des notes inférieures à celles qu'ils ont eues dans l'année", proteste Yves Moreau.
"On ne demande qu'une chose : qu'on ouvre des négociations, explique-t-il. Je pars avec une grande amertume, ce métier est de plus en plus dur, la charge de travail est de plus en plus énorme. Avant, les enseignants avaient à enseigner. Aujourd'hui, on doit faire tout, gérer les absences, l'orientation, etc... Et tout ça, au détriment des contenus. Tout cela accroît la sélection sociale, comme d'ailleurs cette réforme Blanquer", déplore le professeur.
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