Servir de décors de cinéma : le nouveau filon des universités en Île-de-France
Les facs franciliennes se pressent au salon du tournage, lundi et mardi, à la Villette, à Paris, pour proposer leurs sites. Objectif : vendre leur image et gagner de l'argent.
C'est la nouvelle trouvaille des universités pour gagner de l'argent et cultiver leur image de marque : servir de décors de cinéma. Pour la première fois, lundi 22 et mardi 23 janvier 2018, les campus franciliens sont au salon du tournage, organisé par la commission du film d'Île-de-France, qui se tient à la Grande Halle de la Villette à Paris.
Les universités franciliennes y viennent se vendre, alors que les tournages se multiplient sur leurs sites : les trois-quarts d'entre elles ont déjà accueilli des équipes de tournage.
Depuis deux ans, les tournages se multiplient notamment à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Avec ses bâtiments d'époque, son histoire et son nom qui fait rêver jusqu'à l'étranger, l'université cumule déjà plusieurs beaux tournages à son tableau de chasse. Christopher Nolan est venu tourner son Inception (2010), le réalisateur oscarisé Michel Hazanavicius l'a choisie pour son Redoutable sur Godard (2017).
De son côté, Luc Besson avait adoré l'image que représentait la Sorbonne pour Lucy (2014). "La Sorbonne est l'une des plus vieilles universités de Paris, expliquait-il alors dans le making-off du film. Elle représente le savoir. J'ai quitté l'école tôt pour faire des films. Maintenant, je fais un film sur le savoir en détruisant, justement, leur savoir."
Le dernier jour, la fac était méconnaissable.
Luc Besson, réalisateur de "Lucy", tourné en partie à la Sorbonneà franceinfo
En 2017, l'université a accueilli six équipes de cinéma. Elle voudrait en faire venir de plus en plus. C'est une question d'image, mais aussi d'argent : en deux ans, les tournages ont rapporté 160 000 euros à La Sorbonne.
Pourtant, pour séduire les producteurs et réalisateurs, le prestige du nom ne fait pas tout. Il faut savoir répondre à leurs besoins. Fabien Loire en sait quelque chose : il est régisseur audiovisuel à l'université Paris-Diderot. Sur l'un des tournages, dans le hall de l'université, on lui a demandé de retirer un tableau du mur "pour les besoins de la prise de vue", raconte-t-il. "On se demande alors qui s'occupe de ça ? Justement, là, il faut éviter toute procédure qui pourrait prendre du temps parce qu'on sait qu'un tournage, c'est du temps à gérer à la minute près", poursuit le régisseur de l'université.
Si c'est juste deux vis cruciformes qui peuvent s'enlever du tableau, il faut travailler dans cette souplesse-là.
Fabien Loire, régisseur à l'université Paris-Diderotà franceinfo
Le potentiel des universités est énorme. Rien que pour Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il y a 25 lieux possibles de tournage du plus bucolique, à Nogent-sur-Marne, au plus futuriste, à Tolbiac, dans le 13e arrondissement de Paris. "Les universités, c'est 30% des bâtiments publics, rappelle Johanne Ferry-Dély, chargée de la communication à la conférence des présidents d'université. Cela peut être une bibliothèque, un laboratoire, des sous-sols, un amphithéâtre très grand."
Chaque université a ses points forts.
Johanne Ferry-Dély, chargée de la communication à la conférence des présidents d'universitéà franceinfo
Pour 2018, le carnet de réservation se remplit déjà doucement. Au programme pour la Sorbonne : l'adaptation cinématographique du livre Le Mystère Henri Pick avec Fabrice Luchini et sans doute le tournage de prochaine saison du Bureau des légendes dont les équipes sont venues repérer les lieux.
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