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Le manque de temps est "symptomatique de notre quotidien", alertent des directeurs d'école qui réclament plus de soutien

Trois mois et demi après la mort de Christine Renon à Pantin (Seine-Saint-Denis), le ministère de l’Éducation nationale doit publier les résultats d’une consultation effectuée auprès de tous les directeurs d’école pour établir un état des lieux de la profession.

Article rédigé par Alexis Morel - Édité par Hugo Charpentier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Christine, Carine, Olivier et Philippe (de dos), tous directeurs et directrices dans le Val d'Oise, en réunion dans les locaux du syndicat UNSA. (ALEXIS MOREL / FRANCE-INFO)

Le suicide dans le hall de son établissement de Christine Renon, une directrice d'école maternelle de Pantin (Seine-Saint-Denis) le samedi 21 septembre dernier, avait mis la lumière sur le mal-être et les conditions de travail des directeurs d'écoles. Quelques jours après ce drame, le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer avait fait la promesse de donner la parole aux directeurs d’école afin de prendre des mesures destinées à les soulager. Une consultation qui a pris la forme d’un questionnaire en ligne, envoyé aux 45 000 directeurs et directrices de France.

>> "C'était un ange gardien" : Christine Renon, la "directrice épuisée" qui a donné sa vie pour l'école

Parmi eux, Carine, Christine et Olivier qui travaillent tous les trois dans le département du Val-d’Oise. S’ils ont bien reçu le questionnaire du ministère en novembre, seul Olivier l'a rempli en temps et en heure. "Je n’ai pas pu répondre à ce questionnaire car je n’ai vraiment pas eu le temps", regrette de son côté Christine. Et pour Carine c’est "la même chose : je n’ai pas eu le temps. Je me suis connectée au serveur deux jours après la fermeture." Le manque de temps est justement le problème, estiment ces directeurs et directrices syndiqués à l’UNSA.

Directeur d'école, deux métiers en un

Tous évoquent des tâches administratives à n'en plus finir, des journées à rallonge notamment pour ceux qui doivent gérer une classe en même temps. Dans son école qui accueille 140 élèves, Carine n'a qu'une seule journée de décharge par semaine consacrée au travail administratif. "Je dois enseigner à une classe et en même temps, on vient me déranger parce qu’un enfant est malade, ou parce qu’un autre s’est blessé." Des situations qui relèvent, dit-elle "de la protection de l’enfance" mais qui s’ajoutent à la classe de CP/CE1 dont elle a la charge, elle qui affirme travailler "au minimum 45 heures par semaine".

Il est parfois compliqué de faire les deux choses en même temps.

Carine

à franceinfo

Alors qu'attendent ces directeurs de leur ministre, une fois que les résultats de la consultation seront rendus publics ? Leur réponse est unanime : "Une assistante, une aide administrative" capable de s’occuper de "toutes les tâches, comme ouvrir les portes des écoles ou répondre au téléphone".

Simplifier les procédures

Le retour des aides administratives donc, mais aussi une simplification des procédures. Olivier a un exemple précis en tête qui porte sur l'organisation, très lourde, des élections de parents d'élèves. "Ces élections, dès le mois de septembre, il faut y penser, organiser des réunions, etc. Dans la plupart des écoles il n’y a qu’une seule liste. Alors, pourquoi faire des élections lorsqu’il n’y a qu’une seule liste ?", s’interroge-t-il. "S'il n’y a qu’une seule liste, alors elle doit être élue et cela fait gagner beaucoup, beaucoup de temps aux directeurs", ajoute-t-il.

La création d'un statut hiérarchique de directeurs d'écoles est parfois évoquée, mais ces enseignants n'y sont vraiment pas favorables. "Si cela signifie avoir une autorité pédagogique sur nos collègues, alors c’est non", répondent-ils de concert.

Des directeurs d'école réclament plus de soutien au micro d'Alexis Morel

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