Écrans et enfants : "Ils ont fait une entrée fracassante dans nos consultations", observe un expert du groupe de travail rattaché à l’Élysée

La feuille de route fixée "est avant tout de faire émerger un consensus scientifique sur les conséquences des écrans sur la santé des jeunes", physiques et mentales, précise le psychiatre-addictologue Amine Benyamina.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Deux enfants absorbés par un écran de smartphone (photo d'illustration). (SOPHIE GLOTIN / RADIO FRANCE)

"Les écrans ont fait une entrée fracassante dans nos consultations", a alerté jeudi le professeur Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d'addictologie de l'hôpital Paul-Brousse et co-président du groupe de travail rattaché à l’Élysée, chargé d’une mission sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans. Emmanuel Macron a évoqué mardi lors d'une conférence de presse son intention de réguler l'usage des écrans "pour nos enfants", sur la base des préconisations de ce groupe d'experts qui doivent rendre leur rapport en mars.

"La feuille de route qui nous a été confiée est avant tout de faire émerger un consensus scientifique sur les conséquences des écrans sur la santé des jeunes", a souligné le psychiatre-addictologue et président de la Fédération française d’addictologie (FFA).

franceinfo : Les écrans sont-ils un sujet d'addiction comme un autre comme l'alcool ou les drogues ?

Amine Benyamina : Les addictologues ont la charge de renseigner, gérer et traiter les addictions comportementales, et les écrans ont fait une entrée fracassante dans nos consultations, notamment lorsque, comme moi, vous avez en charge des jeunes. On reçoit certains jeunes en consultation à la demande des parents ou à la demande de l'environnement scolaire. On les reçoit car le plus souvent, les parents sont inquiets de voir leur jeune consommer autant les écrans, ils veulent des conseils. Et pour ce qui est de mon service, pour l'instant, nous n'avons pas de prise en charge spécifique pour les écrans mais souvent on a affaire à des adolescents qui, à côté de la prise de drogue comme, l'alcool, les médicaments, ont un excès de consommation des écrans.

Il en va de la santé mentale de nos jeunes ?

Oui, ça fait partie des objectifs pour lesquels le président nous a rassemblés. Il souhaitait savoir quel était l'impact sur la santé mentale, psychologique des jeunes. La feuille de route qui nous a été confiée est avant tout de faire émerger un consensus scientifique sur les conséquences des écrans sur la santé des jeunes, de la santé mentale à la santé métabolique avec les problèmes liés à la sédentarité comme l'obésité.

Emmanuel Macron ne parle que des jeunes, mais il faut également éduquer les parents à l'usage des écrans ?

La cible, ce sont les jeunes mais l'environnement dans lequel ils évoluent fait partie des éléments sur lesquels on va devoir faire des propositions. On est dans un système qui interagit, il y a les parents mais aussi les enseignants. C'est tout ce système qui devra faire l'objet de recommandations de la part du groupe d'experts.

Le président de la République a parlé de santé mentale des jeunes, d'éducation, de harcèlement ou encore de démocratie et de complotisme. Est ce qu'on n'est pas en train de tout mélanger sur ce sujet ?

Il y a des liens très clairs entre l'ensemble de ces éléments. Il y va de la santé mentale, il y va de l'harmonie familiale et de la vie environnementale et scolaire. On a aussi tout l'enjeu de la vérité, de la contre-vérité, parce que l'écran devient l'outil par lequel la vérité sort et est exprimée pour les jeunes. Et donc là-dessus, évidemment, si vous prolongez l’exposition aux écrans, on retrouve toute la problématique du complotisme.

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