Pas assez de repas, pas assez d'adultes... Ce que révèle le livre-choc "Le Prix du berceau" sur le fonctionnement des crèches privées
"Mon enfant avait la faim au ventre." Dans leur enquête Le prix du berceau, qui sort vendredi aux éditions du Seuil, Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse pointent les pratiques de certaines crèches privées, déjà mises en cause dans un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), en avril.
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Le livre commence par un cri du cœur, prononcé par un des parents interrogés : il fait partie de ceux qui ont appris que, dans une crèche privée des Bouches-du-Rhône, il a manqué "entre 3 et 5 repas, deux jours par semaine" pendant plusieurs mois.
"Remplir au maximum"
Alors que la direction plaide une "erreur humaine", les auteurs partent de cet exemple pour dénoncer, plus largement, un secteur guidé par des logiques avant tout commerciales. "C’est comme un avion. Vous avez des charges fixes, il faut remplir au maximum", témoigne une ex-cadre d’un des leaders du marché. Un autre reconnaît être arrivé "sur certaines plages horaires à 12 enfants pour une professionnelle, au lieu des six autorisés". Parfois au détriment des soins. Une ancienne éducatrice raconte qu’elle avait une à deux minutes pour changer les couches.
Dans un autre registre, une ancienne directrice déplore la nécessité d’atteindre des objectifs pour pouvoir acheter des jouets. Derrière ces situations, tirées de près de 200 témoignages, les auteurs remettent en question l’ouverture du secteur au privé, initiée il y a 20 ans, et qui concerne aujourd’hui 20% des places en crèche.
"Je comprends l'effroi des parents qui découvrent de telles pratiques."
Élisabeth Laithier, présidente du comité filière petite enfanceà franceinfo
Pour Élisabeth Laithier, présidente du comité filière petite enfance, ce livre et le rapport de l'Igas montrent que "la dégradation de la qualité d'accueil et la dégradation de vie au travail peuvent conduire à des situations de maltraitance". Elle affirme que "même s'il y a un cas, c'est un cas de trop". "C'est impardonnable, inqualifiable, car on s'adresse à des tout-petits, des êtres sans défense." Elle invite les structures à dire "stop" à la tentation d'augmenter les cadences pour réduire les coûts.
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