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Enquêtes ouvertes après le maintien en rétention de deux fillettes à Roissy

Cette semaine, les autorités aéroportuaires ont placé Andréane, une Française de 6 ans, et Fanta, une Ivoirienne de 3 ans et neuf mois, dans la zone d'attente pour personnes en instance de l'aéroport de Roissy, près de Paris. Elles ont été séparées de leur famille. Andréane a passé quatre jours dans la ZAPI, et Fanta cinq. Le Défenseur des droits Jacques Toubon a ouvert deux enquêtes.
Article rédigé par Lorrain Sénéchal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (La police aux frontières, à l'aéroport de Roissy. © Maxppp)

Elles s'appellent Andréane, 6 ans, et Fanta, 3 ans et neuf mois. Andréane est une petite Française d'origine camerounaise, et Fanta est ivoirienne. Toutes deux ont été séparées de leur famille et ont passé plusieurs jours dans la zone d'attente pour personnes en instance de l'aéroport (Zapi) de Roissy-Charles-de-Gaulle, une zone au statut juridique d'exception destinée aux sans-papiers. Le Défenseur des droits Jacques Toubon a ouvert deux enquêtes.

La fillette ne ressemble pas à la photo de son passeport, selon la police

Samedi dernier, Andréane arrive seule du Cameroun. Elle a été installée dans l'avion par sa grand-mère chez qui elle vit. Sa maman n'a plus qu'à la récupérer. Mais à son arrivée à Roissy, la police aux frontières estime que son passeport est douteux : la photo a été prise un an auparavant et ne ressemble pas, selon les forces de l'ordre, à la fillette.

Au lieu de retrouver ses parents, Andréane se retrouve donc en Zapi. Elle y restera quatre jours. Andréane a été présentée mardi devant un juge des libertés. Elle a pu nommer son ancienne institutrice, elle a reconnu des camarades de classe sur des photos. La juge l'a donc libérée et rendue à sa famille.

"Des liens affectifs évidents" (l'administrateur)

Fanta, elle, est arrivé avec un faux passeport. C'est son père, en situation irrégulière, qui l'a acheté en Côte d'Ivoire. Il dit vouloir emmener sa fille en France pour "éviter qu'elle ne soit excisée", et assure avoir déjà fait une demande d'asile pour elle. Mais les policiers le placent en Zapi et le séparent de sa fille, parce qu'ils doutent d'abord du lien de parenté. L'administrateur désigné pour veiller sur la fillette note "des liens affectifs évidents", mais il veut s'assurer qu'il n'y a pas là une affaire d'enlèvement.

Une promesse non tenue de François Hollande

"Vérifier l'identité d'un enfant, établir avec certitude le lien qui l'unit avec la personne avec laquelle il voyage ou qui l'attend à l'aéroport, c'est le protéger", a expliqué vendredi le ministère de l'Intérieur, malgré une mise au point de Bernard Cazeneuve, qui a réclamé plus de célérité dans le cas des enfants. Bernard Cazeneuve a en effet donné "des consignes" pour que les vérifications d'identité "soient menées dans des délais très courts, notamment lorsqu'il s'agit de jeunes enfants".

Le Défenseur des droits, qui a ouvert deux enquêtes, a rappelé sa volonté de faire interdire les mesures de privation de liberté pour les enfants de migrants. C'était une promesse de campagne de François Hollande, précisément en ce qui concerne les centres de rétention administrative (CRA). Elle n'est pas remplie : ce vendredi trois enfants kosovars, de 7 ans, 4 ans et 19 mois, sont avec leurs parents au CRA du Mesnil-Amelot près de Paris.

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