Escroquerie présumée au logement social dans le Var : "On s'est privés pour lui donner cet argent", confie une victime
Une femme, affirmant travailler pour un bailleur social, a promis à des familles l'attribution d'un logement en échange de sommes en liquide. Franceinfo a contacté une des victimes de cette affaire révélée, mercredi, par "Var Matin".
"Elle a pris mes enfants dans ses bras, leur a fait des bisous sur les joues et leur a dit : 'Vous allez être bien dans cette maison, vous aurez votre chambre et vous allez pouvoir jouer au foot dehors'", se rappelle avec amertume Sonia, contactée par franceinfo. Cette mère de famille de cinq enfants a été victime d'une arnaque présumée au logement social, révélée par Var Matin, mercredi 21 septembre.Sonia a porté plainte le 8 septembre. Et elle n'est pas la seule. Une Toulonnaise, âgée de 37 ans, est visée par au moins treize plaintes pour escroquerie au logement social. Depuis un an environ, elle aurait soutiré des dizaines de milliers d’euros à des familles.
Dans le bureau de l'avocat toulonnais Frédéric Casanova, les victimes de cette escroquerie se succèdent. A chaque fois, c'est à peu près le même scénario. L'escroc présumée, une femme affirmant travailler pour un bailleur social, promet à des familles l'attribution d'un logement sur l'agglomération toulonnaise (Var) en échange de centaines d'euros. "A certains, elle présentait ces sommes comme des avances de loyer, à d'autres, elle expliquait qu'en échange de l'argent, elle allait mettre leur dossier au-dessus de la pile, explique à franceinfo Frédéric Casanova. C'est une escroquerie d'envergure, on va essayer de regrouper toutes les plaintes pour faire l'interface avec le parquet. Il faudra aussi essayer de voir si elle pouvait bénéficier de complicités. L'enquête en cours devra y répondre."
De l'argent liquide demandé
Depuis la fin juillet, le téléphone de la prétendue travailleuse sociale sonne dans le vide. Les appels de Sonia restent sans suite. "A ce moment-là, je me suis dit qu'elle était partie en vacances", souffle la mère de famille. Puis un jour, elle découvre sur Facebook un message d'une personne affirmant avoir été victime de cette escroquerie au logement social. "Aussitôt, j'ai appelé mon mari. Je lui ai juste dit : 'Je crois qu'on s'est fait avoir'", se souvient-elle.
Tout a commencé à la fin février. Par l'intermédiaire d'une connaissance commune, Sonia reçoit la visite de cette femme, qui lui assure qu'elle peut lui obtenir un logement social : "Elle me parle de maisons en construction en face du Parc des oiseaux, à Toulon. Elle m'explique qu'on pourrait avoir un T6, avec cinq chambres et un petit jardin pour un loyer de 600 euros tout compris." Après cette première rencontre, Sonia et son mari se rendent sur place. Ils constatent ainsi la présence d'une grue et d'un chantier en cours.
"Elle nous vendait du rêve"
Puis, lors d'un autre rendez-vous, leur interlocutrice leur confirme qu'ils peuvent obtenir une de ces maisons avec garage, en échange d'une réservation : 600 euros, plus 25 euros de frais de dossier pour la maison, 150 euros pour le garage. Mais il faut payer vite et en espèces. Sonia s'exécute : "On s'est privés pour lui donner cet argent, mais on s'est dit : 'Ça y est, la chance nous sourit enfin'."
Sonia et son mari sont depuis six ans sur une liste d'attente pour obtenir un logement social. Alors, quand cette femme s'est présentée avec sa mallette, son agenda et ses papiers avec le logo du conseil général en en-tête, elle y a cru : "Maintenant, je me dis que ce devait être des faux, mais elle était tellement sûre d'elle, elle connaissait tout, j'avoue, j'y ai cru, je lui faisais confiance. Elle nous vendait du rêve. Alors, quand j'ai découvert l'escroquerie, je suis tombée de haut." Sonia compte sur une éventuelle arrestation pour récupérer les sommes qu'elle a perdues.
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