"Nous sommes très inquiets" : d'anciens membres de la convention citoyenne sur la fin de vie pressent Emmanuel Macron de présenter "rapidement" son projet de loi
Voilà des mois qu'elle guette la fumée blanche, en vain. Dans une lettre ouverte consultée par franceinfo, une association regroupant 81 anciens membres de la convention citoyenne sur la fin de vie appelle le chef de l'Etat, samedi 9 décembre, à "la présentation rapide du projet de loi" promis pour la fin de l'été dernier. Les engagements présidentiels pour les soins palliatifs et l'aide active à mourir "n'ont toujours pas été tenus", déplore-t-elle, alors que l'exécutif vient de reporter la présentation du texte à la fin février.
"Monsieur le président, votre avis (…) est important, mais ne saurait être l'unique boussole en la matière", écrivent ces citoyens, un an jour pour jour après le début de leurs travaux et huit mois après la remise de leur rapport à Emmanuel Macron. "Il est temps de laisser la représentation nationale s'emparer de ce sujet", l'exhortent-ils. Les citoyens disent se faire le relais de malades, rongés par "l'impatience" et "l'anxiété", qui attendent d'accéder à des soins palliatifs de qualité ou à une aide active à mourir.
Au-delà de l'urgence à agir, les anciens "conventionnels" expriment une préoccupation sur le contenu du projet de loi. "Nous sommes très inquiets sur l'avenir de nos propres recommandations", écrivent-ils, redoutant un texte "très éloigné" de leurs préconisations. "Si l'exécutif ouvre seulement la voie au suicide assisté, le compte n'y sera pas", prévient l'un des auteurs de la lettre, Martial Breton, joint par franceinfo. Dans leur rapport, les citoyens s'étaient prononcés à 40% en faveur d'un libre choix entre suicide assisté et euthanasie, à 28% en faveur du suicide assisté avec une exception d'euthanasie réservée à certains malades, à 18% contre toute aide active à mourir et à 10% pour le suicide assisté seul. "Nous nous interrogeons aussi sur les moyens qui seront réellement consacrés aux soins palliatifs", ajoute Martiel Breton.
Un avenir incertain pour les conventions citoyennes
Une vingtaine de personnes parmi les 184 anciens participants à la convention citoyenne doivent rencontrer, jeudi matin, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, et la ministre déléguée à la Santé, Agnès Firmin-Le Bodo, pour un point d'étape sur le projet de loi. Les signataires de la lettre ouverte entendent mettre en garde l'exécutif sur le risque "d'entamer davantage le lien de confiance avec la population" en cas d'"absence de prise en compte de la parole citoyenne".
"Après l’expérience de la convention citoyenne sur le climat, dont les propositions ont été largement écartées, il serait opportun de la part de l’exécutif de respecter cette fois sa promesse aux citoyens."
Une association d'anciens membres de la convention citoyenne sur la fin de viedans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron
Les anciens participants expriment enfin leurs craintes sur "la pérennité de l'outil des conventions citoyennes". En avril, le chef de l'Etat avait annoncé la saisine du Conseil économique, social et environnemental, "dans les prochaines semaines", pour que d'autres conventions soient mises "en œuvre sur d'autres sujets" de société. "On attend encore", constate Martial Breton, pour qui le débat sur l'immigration aurait pu être une opportunité "géniale".
Réunis au sein d'une association baptisée "Les 184", composée d'une grande majorité de partisans de l'aide active à mourir, les signataires de la lettre assurent "refléter la diversité des vues exprimées lors de la convention". Ils ne s'expriment pas au nom de l'ensemble des participants, dont une petite minorité a choisi de rejoindre une autre association, "Faim 2 Vie", engagée contre l'aide active à mourir.
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