Fin de vie : le gouvernement promet une "petite révolution" dans la prise en charge des malades
Le "modèle français de la fin de vie" voulu par Emmanuel Macron se précise. Un rapport présenté au ministère de la Santé appelle à créer des "soins d'accompagnement" pour permettre un "changement radical" dans la prise en charge des malades. Cette nouvelle offre inclurait une approche médicale, en renforçant les soins palliatifs, mais permettrait surtout de mieux répondre "aux besoins sociaux et psychologiques" des patients et de leurs proches, selon ce document, révélé par Le Figaro et que nous avons consulté vendredi 8 décembre.
"C'est une petite révolution que l'on propose", affirme à franceinfo la ministre déléguée à l'Organisation territoriale et aux Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo. En mai, elle avait chargé l'ancien président du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) Franck Chauvin de "remettre à plat" la stratégie de développement des soins palliatifs, jugée insatisfaisante. En réponse à la "faible proportion de Français accédant à des soins palliatifs en fin de vie", le rapport prend la forme d'un plan décennal (2024-2034) visant à "garantir un droit à l'accès à une prise en charge" sur tout le territoire, un droit "pourtant déjà inscrit dans la loi", mais encore trop peu respecté.
Le plan est décliné autour de quinze mesures, parmi lesquelles la création d'équipes mobiles de soins d'accompagnement, composées d'un médecin, d'une infirmière et d'un psychologue. Elles interviendraient notamment à domicile, en s'inspirant du modèle des équipes mobiles de soins palliatifs, qui interviennent principalement à l'hôpital. Les professionnels de santé "de proximité" pourraient faire appel à ces structures pour mieux anticiper les prises en charge et ainsi "favoriser le maintien à domicile", un souhait exprimé par de nombreux Français.
Créer des "maisons d'accompagnement" pour les malades
Dans un pays qui manque cruellement de professionnels compétents en soins palliatifs, l'enjeu de la formation s'annonce déterminant pour garantir une égalité d'accès. Le plan prévoit donc de "développer massivement l'enseignement des soins d'accompagnement", avec "un module de formation initiale" pour tous les étudiants en santé, "la possibilité de se spécialiser en médecine d'accompagnement" et une meilleure formation continue.
"La priorité des priorités, c'est la formation des professionnels de santé."
Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée à l'Organisation territoriale et aux Professions de santéà franceinfo
L'une des principales innovations du rapport est l'installation en dix ans de cent "maisons d'accompagnement", dont vingt dès 2025. Inspirés des maisons de vie, à mi-chemin entre une prise en charge à domicile et à l'hôpital, ces hébergements d'une dizaine de lits offriraient des soins d'accompagnement aux patients en fin de vie. Ils se distingueraient des structures hospitalières par "un faible degré de médicalisation", une ouverture sur l'extérieur et une offre d'"accompagnement" des proches aidants. "Ce sont avant tout des 'maisons', des lieux d'accueil, où la place de l’écoute et du bien-être est aussi importante que celle du soin", insiste le rapport. "Très clairement, ce projet sera retenu", promet Agnès Firmin Le Bodo.
Des "collectifs d'entraide" pour impliquer les citoyens
Face au défi du vieillissement de la population et de "l'augmentation des solitudes", le document appelle à ne pas faire reposer tous les efforts sur le système de santé. Il réclame "une mobilisation" de l'ensemble de la société en faveur des personnes en fin de vie, au nom du principe de "solidarité". Un soutien "renforcé" pour les aidants est recommandé, tout comme un développement du bénévolat au chevet des malades ou dans leurs tâches quotidiennes.
Le rapport plaide aussi pour expérimenter des "collectifs d'entraide", composés de citoyens vers lesquels les patients et leurs proches pourraient se tourner, et pour "augmenter la sensibilisation et l'implication" des plus jeunes dans l'accompagnement des malades.
La ministre déléguée entend s'inspirer très largement de ce rapport pour dévoiler, en janvier, sa stratégie décennale de développement des soins d'accompagnement. "Il y a des choses que l'on pourra mettre en place dès janvier ou février", précise-t-elle. D'autres devront patienter jusqu'au vote du projet de loi sur la fin de vie, qui inclura notamment l'accès à une aide active à mourir. Maintes fois repoussée, la présentation de ce texte aura lieu "plutôt vers la fin février", selon Agnès Firmin Le Bodo.
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