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Témoignage "La sédation profonde, c'est refuser de voir les choses en face" : atteinte d’un cancer incurable, Marie-Hélène souhaite bénéficier d’une aide active à mourir

Il y a six ans, on a diagnostiqué un cancer à cette ancienne pharmacienne de 68 ans. Malgré les traitements, les métastases se multiplient. Aujourd'hui, Marie-Hélène aspire à mourir paisiblement et bénéficier d'une injection létale encadrée par un professionnel de santé. 

Article rédigé par franceinfo - Lou Momège
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un personnel soignant prépare une injection intra-veineuse. (XAVIER DE TORRES / MAXPPP)

"'Madame, il ne vous reste que quelques mois à vivre', m'a-t-on dit, début août." Ancienne pharmacienne, Marie-Hélène pensait avoir une retraite paisible. Mais il y a six ans, on lui diagnostique un cancer. Malgré les traitements, les métastases ne disparaissent pas et se multiplient.

>> Fin de vie : Emmanuel Macron souhaite lancer une convention citoyenne sur le sujet et faire voter une loi en 2023

"En accord avec mon oncologue, explique cette Rouennaise de 68 ans, et surtout à cause du dernier scan qui a montré des métastases au niveau du cerveau et au niveau de la moelle osseuse, nous avons décidé d'arrêter les traitements parce qu'aucune chimio n'est désormais efficace. Donc je suis en début de fin de vie."

La décision du suicide assisté est difficile pour le couple

Le moment venu, Marie-Hélène souhaite bénéficier d'un suicide assisté, une injection létale encadrée par un professionnel de santé. Décision que comprend Alain, son époux, mais qui reste difficile. 

"En même temps, on se quitte, et chacun est en train de se dire : 'Voilà ta voie". L'un va continuer, puis l'autre va partir. Donc c'est pas évident."

Alain

à franceinfo

Mais le couple préfère cela que de laisser Marie-Hélène sous sédation profonde et continue, seule option que propose la loi française aujourd'hui. Le Comité d'éthique rend mardi 13 septembre un avis attendu sur la fin de vie, au moment où Emmanuel Macron s'apprête à tracer les contours d'une convention citoyenne sur ce sujet de société avant une éventuelle loi. Le chef de l'Etat veut ainsi réunir tous les acteurs concernés par l'aide active à mourir en cas d'affection grave et incurable. 

"La sédation profonde, ce n'est pas la solution"

"La sédation profonde, c'est pour garder la vie, théoriquement, soupire Alain. Mais non : on garde la douleur, on ne garde pas de vie, ce n'est que de la souffrance, que l'on garde". "On garde quoi avec la sédation ? On garde un corps sans rien, complète Marie-Hélène. La sédation profonde, ce n'est pas la solution, c'est un refus de voir les choses en face."

"Certains médecins disent qu'ils sont là pour soigner et guérir, et pas pour tuer. Mais les gars : soignez moi, guérissez-moi ! Mais vous ne pouvez pas : ma maladie est inéluctable."

Marie-Hélène

à franceinfo

Pour elle, la France devrait prendre exemple sur la Belgique ou la Suisse, qui autorisent le suicide assisté de manière très encadrée. C'est d'ailleurs ce qu'envisage Marie-Hélène pour sa fin de vie.

"C'est aussi ce qui est un peu frustrant, c'est que s'il n'y avait pas cette incapacité à le faire en France, je suis sûr que ma décision serait beaucoup plus tardive, indique-t-elle. Seulement, il va falloir que je décide de mettre en œuvre un dossier en Belgique ou en Suisse très vite et que j'y aille suffisamment vite pour être capable d'y aller." Selon elle, la convention citoyenne proposée par Emmanuel Macron ne fait que retarder l'évolution du droit. L'examen d'une proposition de loi sur l'aide active à mourir avait débuté au Parlement l'an passé, sans jamais aboutir.

Atteinte d’un cancer incurable, Marie-Hélène souhaite bénéficier d’une aide active à mourir : écoutez le reportage de Lou Momège

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