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Ce que l'on sait de la diffusion de vidéos de Vincent Lambert sur son lit d'hôpital

"Valeurs actuelles" a publié lundi une vidéo du quadragénaire, en état végétatif depuis une dizaine d'années, sur son lit d'hôpital.

Article rédigé par franceinfo
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Vincent Lambert sur son lit d'hôpital, en 2013. (FRANCE 2 / FRANCEINFO)

Valeurs actuelles a publié, lundi 20 mai, deux vidéos de Vincent Lambert sur son lit d'hôpital. Victime d'un grave accident de la route, le quadragénaire est en état végétatif irréversible (selon les experts) depuis dix ans. Ses médecins avaient entamé, lundi matin, l'arrêt des soins qui lui étaient prodigués. Mais la cour d'appel de Paris a ordonné, dans la soirée, qu'ils soient rétablis. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait des vidéos publiées au moment de cette nouvelle décision judiciaire.

Deux vidéos "tournées par ses parents"

La première vidéo publiée par Valeurs actuelles dure un peu plus d'une minute. Sur les images, on découvre le visage de Vincent Lambert, allongé sur le côté dans son lit d'hôpital. L'homme cligne parfois des yeux, son regard n'est pas fixe. On entend également les voix de ses parents, notamment celle de sa mère, Viviane Lambert. Lui caressant le visage, elle lui répète : "Ne pleure pas, mon Vincent. On t'accompagne. (...) On ne te lâche pas." Selon Le Parisien, cette vidéo "a été tournée par les parents de Vincent Lambert, probablement dimanche soir"Valeurs actuelles a également diffusé une autre vidéo, qui aurait été tournée en 2015. Elle montre plusieurs séquences mises bout à bout, dans lesquelles Viviane Lambert donne de l'eau puis de la compote à son fils, à la petite cuillère.

Pour les parents de Vincent Lambert, ces deux enregistrements montrent que leur fils n'est pas dans un état végétatif chronique mais dans un état de conscience minimal. Les patients en état végétatif chronique "peuvent avoir un cycle jour-nuit, des moments où ils ont des mouvements spontanés des yeux, du visage, des mains, des membres" mais ces mouvements sont "sans conscience", explique le professeur Vincent Degos, anesthésiste-neuro-réanimateur à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. "Ils ne répondent pas à un environnement ou à une demande : ce sont des mouvements purement réflexes." En revanche, les patients en état de conscience minimal peuvent communiquer avec leur entourage, par exemple en suivant du regard un stimulus visuel, en levant la main ou en souriant. Ces réponses sont toutefois variables. "Ces patients ont une conscience qui peut être instable soit dans sa continuité, soit dans sa puissance, c'est-à-dire qu'elle peut s'éteindre petit à petit", précise Vincent Degos.

Dans le cas de Vincent Lambert, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a ordonné une nouvelle expertise médicale en 2018. Après avoir examiné le quadragénaire, les experts ont confirmé, en novembre, qu'il se trouvait dans un "état végétatif chronique irréversible". Les précédents rapports étaient arrivés aux mêmes conclusions.

L'épouse de Vincent Lambert va porter plainte

La famille Lambert est déchirée entre ceux qui s'opposent à l'arrêt des soins du quadragénaire (ses parents et deux de ses frères et sœurs) et ceux qui souhaitent "le laisser partir" (sa femme, qui est sa tutrice légale, son neveu et le reste de sa fratrie). Ces derniers ont dénoncé la diffusion des vidéos de Vincent Lambert sur son lit d'hôpital. "Ce sont des méthodes que je trouve assez immondes", a réagi son neveu, François Lambert, interrogé mardi 21 mai par L'Union.

"Nous n'arrivons pas à comprendre comment quelqu'un qui dit aimer Vincent Lambert puisse diffuser de telles images de lui sur les réseaux sociaux", a abondé l'avocat de Rachel Lambert, l'épouse du quadragénaire. Francis Fossier estime que "cette vidéo a été tournée frauduleusement puisque la tutrice de Vincent Lambert, c'est son épouse. Cette vidéo n'aurait jamais dû être tournée." "Qui d'entre nous, de son vivant, accepterait que de telles images de lui-même soient diffusées sur les réseaux sociaux ? s'interroge-t-il. Nous avons prévu de déposer une plainte contre les personnes qui ont filmé et contre celles qui ont diffusé."

L'hebdomadaire Valeurs actuelles indique par ailleurs avoir reçu, mardi matin, une lettre des avocats de Rachel Lambert. Selon le magazine, ils somment la rédaction de "cesser (...) la diffusion et la mise à disposition de tiers de toutes photographies et vidéos de monsieur Vincent Lambert"

Une première vidéo diffusée en 2015

Ce n'est pas la première fois que des proches de Vincent Lambert diffusent des images du patient sur son lit d'hôpital. En 2015, ses parents avaient diffusé en ligne une vidéo filmée par Emmanuel Guépin, un "ancien camarade de classe de Vincent", rappelle LCI. Elle montrait une main tenant un téléphone à l'oreille de Vincent Lambert, alors que sa mère lui parlait. Un autre plan montrait son demi-frère David en train de lui parler.

L'objectif de la diffusion de cet enregistrement était, selon l'avocat Jérôme Triomphe, de "casser l'image qui est répandue (...) de Vincent dans la presse et montrer la réalité""Non, Vincent n'est pas un légume. Il est vivant, il se réveille, il n'est branché à aucune machine, il interagit avec son environnement et sa famille", avait-il assuré à la presse, contredisant donc l'avis des experts médicaux.

Les conseils de Rachel Lambert avaient dénoncé l'utilisation de cette vidéo. Le CSA, saisi après la diffusion de cette vidéo par plusieurs chaînes, avait mis en garde les chaînes TF1, M6, LCI et BFM TV, rappelle 20 Minutes. "La diffusion de ces images de monsieur Vincent Lambert sans consentement préalable et sans floutage, constitu[e] une atteinte à l'intimité de sa vie privée et à son image", avait écrit le Conseil supérieur de l'audiovisuel.

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