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"On ne peut pas faire une grande cause nationale avec un million d'euros" : les associations réclament plus de moyens pour lutter contre les féminicides

Plusieurs associations se sont réunies lundi pour faire entendre leurs revendications, à la veille du lancement du "Grenelle des violences conjugales".

Article rédigé par Jérôme Jadot - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Rassemblement autour des familles de victimes de féminicides, place de la République à Paris, le 6 juillet 2019. (SEBASTIEN MUYLAERT / MAXPPP)

"Une victime de cambriolage n'a qu'un désir, c'est de raconter ce qu'il s'est passé et que le salaud soit pris. La victime de son conjoint, elle, est beaucoup moins claire sur la question", explique Marie-France Cazalis, du Collectif féministe contre le viol. C'est l'une des 25 organisations à s'être réunies lundi 2 septembre, à la veille du lancement par le gouvernement du "Grenelle des violences conjugales".

Depuis le début de l'année, il y a déjà eu plus de 100 féminicides en France. "La victime de violences conjugales va peut-être commencer par le plus léger, c'est le plus facile, et si quelqu'un en face lui dit 'ça, ce n'est pas si grave, ça ne mérite pas une plainte', elle va se dire 'c'est bon, oui vous avez raison, c'est bien'", affirme Marie-France Cazalis.

La priorité de ces associations est effectivement la formation des professionnels pour le recueil des plaintes. Si elles semblent rassurées par la présence annoncée de nombreux ministres (Intérieur, Justice, Logement, Éducation…), elles craignent un Grenelle des "fake news", c'est-à-dire des annonces non suivies d’effets.

Hébergement, éducation, financement

Autre attente forte : la mise en place de juridictions ou de pôles spécialisés, pour des décisions plus "rapides" et plus "cohérentes" ; la création de 2 000 places d’hébergement, notamment des hébergements 24 heures sur 24 et puis un travail de fond qui passe par l’école : "Ce qu'on aimerait, c'est de ne pas avoir à protéger les femmes. Il faut donc qu'au niveau de l'éducation, les choses soient faites bien mieux", explique Anne-Cécile Mailfert, qui préside la Fondation des femmes.

On parle par exemple de passeport de la non-violence : dans toutes les écoles, qu'il puisse y avoir de la sensibilisation, on sait que ça part de là.

Anne-Cécile Mailfert, de la Fondation des femmes

à franceinfo

Mais toutes ces mesures ont un coût : il faudrait, d’après ces associations, multiplier les budgets actuels au minimum par six, pour protéger correctement les femmes victimes de violences.

On est aujourd'hui loin du compte, déplore Céline Piques, porte-parole d’Osez le féminisme : "La seule annonce concrète qu'on a aujourd'hui en termes de budget, c'est le fonds Catherine, dont a parlé Marlène Schiappa, qui prévoit un million d'euros. On ne peut pas faire une grande cause nationale avec un million d'euros. Cela suffit d'attendre."

C'est 500 millions d'euros qu'il nous faudrait pour avoir les mêmes résultats qu'en Espagne, qui a mis en place depuis 15 ans une réelle politique volontariste de lutte contre les violences.

Céline Piques, d'Osez le féminisme

à franceinfo

Une impatience qu’Osez le féminisme n’aura sans doute pas l’occasion d’exprimer demain à Matignon : elle fait partie des quelques organisations qui regrettent de ne pas avoir reçu de d’invitation.

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