Violences conjugales : les agresseurs bénéficient d'un "véritable système d'impunité", alerte le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes
L'instance a mis au point un nouvel outil permettant de d'évaluer l'évolution de la politique publique contre les violences conjugales.
Le tableau est sombre. Les agresseurs conjugaux bénéficient d'un "véritable système d'impunité", pointe le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE). Il publie mercredi 9 juin son premier tableau d'indicateurs sur la politique publique de lutte contre les violences conjugales portant sur les données de 2019.
Selon ce nouvel outil composé d'une trentaine d'indicateurs de suivi, chaque année, plus de 125 000 femmes réussissent à signaler des violences conjugales en commissariat (sur les 210 000 victimes estimées dans les données officielles), mais ces signalements aboutissent rarement sur des condamnations. En 2019, seuls 52 000 agresseurs conjugaux ont fait l’objet d’une réponse pénale et 33 000 d'entre eux ont fait l’objet de poursuites judiciaires. Le HCE dit ne pas avoir de chiffres sur le nombre de condamnations. "Mais en 2018, seuls 18 600 agresseurs conjugaux avaient été condamnés", note-t-il.
"Seule une femme sur dix peut avoir accès à un hébergement"
Le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes alerte sur un deuxième point : "les possibilités de mise en sécurité des femmes victimes sont très en deçà des besoins", écrit-il. Selon les indicateurs analysés par le centre, "seule une femme sur dix peut avoir accès à un hébergement et encore, sans garantie qu’il s’agisse d’une structure spécialisée, hébergeant exclusivement des femmes victimes de violences".
Ce premier tableau d'indicateurs du HCE, remis à la ministre déléguée chargé de l'Egalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno, a pour objectif "d'évaluer l’efficacité des politiques mises en œuvre pour accompagner et protéger les femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants tout au long de leur parcours". Il doit mesurer les progrès, les stagnations ou les reculs de la protection des femmes victimes pour guider les politiques publiques, tout en proposant des évolutions souhaitables. L'édition 2019 constitue donc "l'année zéro" de ce tableau de bord qui sera le point de comparaison de l'édition 2020, dont les résultats doivent être publiés avant la fin de l'année 2021.
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