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Prostitution des mineurs : un phénomène amplifié par une "glamourisation" sur les réseaux sociaux

Les faits de prostitution de mineurs ont augmenté de 68% entre 2016 et 2020.

Article rédigé par franceinfo
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Une affiche issue de la nouvelle campagne nationale de lutte contre la prostitution des mineurs. (MINISTERE DE LA SANTE)

Chaque année en France, entre 7 000 et 10 000 enfants sont victimes de prostitution, selon le secteur associatif. Des chiffres alarmants qui sont sans doute sous-estimés. Lundi 28 février, le gouvernement lance donc une campagne de sensibilisation contre ce fléau. Des spots vont être diffusés à la télévision, sur les réseaux sociaux ou au cinéma et des ateliers de préventions vont aussi être organisés partout sur le territoire. Pour mieux cerner le profil de ces adolescents, un nouveau rapport sera rendu ce lundi à Adrien Taquet, le secrétaire d’Etat en charge de l’Enfance.

La plupart de ces mineurs sont des jeunes filles, elles ont entre 13 et 17 ans et vivent sous l'emprise d'un proxénète. Combien sont-elles au total ? Impossible de le chiffrer, mais aucun commissariat français ne serait épargné. "Aujourd'hui c'est le lot quotidien de tomber sur une victime mineure de proxénétisme", affirme Elvire Arrighi qui dirige l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains. D'après le rapport remis aujourd'hui au gouvernement, les faits ont augmenté de 68% entre 2016 et 2020.

"Ce sont des proies extrêmement faciles parce qu'elles sont souvent en rupture familiale et scolaire. Les proxénètes se présentent comme des repères et les placent sous leur emprise."

Elvire Arrighi, directrice de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains

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Le phénomène a été amplifié par les réseaux sociaux. C'est ce qu'a découvert Jennifer Pailhe, une Toulousaine qui a sorti sa fille de ce trafic. "La prostitution d'aujourd'hui est très différente d'il y a vingt ans, explique-t-elle. Ce ne sont plus des jeunes filles au coin d'une rue sous un lampadaire. Il y a toutes ces images que les adolescentes mettent sur les réseaux sociaux où elles se dénudent pour avoir des vues. Elles n'ont pas conscience du danger des écrans."

Les proxénètes, à peine plus âgés que leurs victimes, cherchent à appâter les adolescentes. C'est ce que les policiers appellent "le phénomène Zahia", du nom de cette prostituée devenu star des réseaux. "Il y a une forme de glamourisation de la prostitution, analyse Elvire Arrighi, Si bien qu'elles ne s'estiment pas elles-même victimes de quelque chose qui est pourtant abominable." Ce phénomène de prostitution en ligne s'est intensifiée ces deux dernières années en raison notamment des confinements successifs.

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