: Vidéo Violences sexuelles dans l'Eglise : "Comment peut-on chiffrer le prix d’une vie ?", s'interroge une victime
Ensemble, ils ont brisé l'omerta. Marie-Pierre, Raymonde, Ghislaine, Gérard, Jean-Pierre S., Jean-Pierre F. ont été abusés par le même prédateur sexuel, un homme d'Eglise, le frère Gabriel Girard, dans les années 1960, dans l'ouest de la France. Sous l'œil des réalisateurs, Bernadette Sauvaget et Olivier Lamour, le documentaire Le Prix d'une vie, diffusé mardi 5 décembre sur France 2 à 22h45, suit le processus de réparation de ces victimes qui ont décidé de briser la loi du silence. Un processus qui les a menées jusqu'au Vatican, où elles ont été reçues par le pape François, mardi 28 novembre.
Quelques jours après cette rencontre, Ghislaine Magoarou revient avec émotion sur cet événement, pour franceinfo : "Le pape nous a demandé de parler, de témoigner. Il nous a écoutés avec beaucoup de bienveillance et de chaleur. On sentait chez lui une certaine douleur et il nous a demandé pardon au nom de l'Église catholique", se remémore-t-elle depuis Rome. Une réparation symbolique qui vient s'ajouter à l'indemnisation financière qu'elle a perçue via la Commission reconnaissance et réparation (CRR). "Une commission expérimentale" qui fait l'objet de nombreuses critiques, selon la journaliste et coréalisatrice du documentaire, Bernadette Sauvaget.
"Comme un viol psychologique"
Le documentaire pose le problème de cette indemnisation des victimes, qui pouvait aller de 5 000 à 60 000 euros. "Comment peut-on chiffrer le prix d’une vie ?", s'interroge Ghislaine, qui a bénéficié de la somme maximale, après avoir rempli une grille d'auto-évaluation visant à estimer les préjudices subis sur une échelle de 1 à 7. "On était vraiment confronté à des questions existentielles. Ça a été un parcours très douloureux que je considérais dans mon for intérieur comme un viol psychologique", se souvient Ghislaine.
Outre la dimension symbolique, Ghislaine, ainsi que le Collectif 85, un collectif de victimes en Vendée, militent pour une reconnaissance politique de leur combat. "Il faut que cela devienne politique, conclut Ghislaine Magoarou. La prochaine démarche sera de rencontrer les politiques à l'Assemblée nationale et, pourquoi pas, le président de la République ainsi que son épouse, qui est engagée dans la protection de l'enfance." Une démarche saluée par Bernadette Sauvaget, qui précise : "Il ne faut pas avoir peur de regarder ce documentaire, qui n'est pas fait que pour pleurer."
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