Cyberharcèlement contre Magali Berdah : on vous explique pourquoi 28 personnes sont jugées pour avoir visé l'agente d'influenceurs

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La femme d'affaires Magali Berdah, le 9 octobre 2023 à Paris. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)
Les prévenus comparaissent pour cyberharcèlement aggravé, menaces de mort ou encore menaces de crime, après des messages visant la femme d'affaires, patronne de l'agence Shauna Events.

Ce sont trois nouveaux procès d'ampleur pour cyberharcèlement, après celui dans l'affaire Mila en juin 2021. A partir du 27 novembre, 28 personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel de Paris pour cyberharcèlement aggravé, menaces de mort ou encore menaces de crime à l'encontre de Magali Berdah, à la tête de l'agence d'influenceurs Shauna Events.

La femme d'affaires dénonce une campagne de cyberharcèlement à son encontre, déclenchée par le rappeur Booba depuis 2022 sur les réseaux sociaux. Toutefois, une enquête se poursuit contre l'artiste, mis en examen le 2 octobre pour "harcèlement moral aggravé" en ligne : il ne fait donc pas partie des prévenus jugés dès lundi et jusqu'à fin janvier. Franceinfo détaille les enjeux de ces trois procès, répartis sur neuf jours d'audience.

1 Que sait-on des prévenus ?

Selon les informations de franceinfo, parmi les 28 personnes renvoyées devant la justice, figurent 26 hommes et deux femmes, âgés de 20 à 49 ans. Leurs activités professionnelles sont diverses : agent d'entretien, restaurateur, employée de banque... Certains sont à la recherche d'un emploi. Ces 28 prévenus ont "des profils variés", résumait le parquet de Paris à l'AFP début juillet. Ils "résident partout en France, avec des casiers judiciaires vierges ou bien déjà connus des services de police pour violences et stupéfiants", avait-il alors précisé.

2 Quelles peines risquent-ils ?

Tous comparaissent pour harcèlement. Cette infraction est constituée lorsque les propos "sont imposés à une même victime par plusieurs personnes, de manière concertée ou à l'instigation de l'une d'elles, alors même que chacune de ces personnes n'a pas agi de façon répétée", selon l'article 222-33-2-2 du Code pénal. Mais elle peut également l'être dès lors que plusieurs personnes, qui s'en prennent à une même victime, "savent que ces propos ou comportements caractérisent une répétition", y compris "en l'absence de concertation".

Quand il s'agit de harcèlement en ligne, la peine encourue est de deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende. Mais si le harcèlement est accompagné de circonstances aggravantes, la sanction peut aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. C'est le cas pour le cyberharcèlement de Magali Berdah qui lui a occasionné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours. Pour quatre prévenus, une autre circonstance aggravante a été retenue : le fait que le harcèlement ait été commis "en raison de l'appartenance vraie ou supposée à une religion". En d'autres termes, il s'agit de propos à caractère antisémite. Il est ainsi reproché à l'un des prévenus d'avoir écrit : "Dommage que Hitler ne s'est pas occupé de tes grands-parents."

En plus du cyberharcèlement, dix prévenus sont également renvoyés devant la justice pour menaces de mort, une infraction punie de 3 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Dix autres le sont pour menace de crime, ce qui peut être sanctionné de six mois d'emprisonnement et 7 500 euros d'amende. Ils sont jugés pour avoir adressé sur les réseaux sociaux à Magali Berdah des messages tels que "On va te brûler", "Va mourir salope", "Je vais t'violer salope" ou encore "On va te finir grosse pute".

3 Sont-ils liés au rappeur Booba ?

Au printemps 2022, Booba s'est évertué à dénoncer, sur les réseaux sociaux, les "influvoleurs", ces influenceurs qu'il accuse de multiples arnaques à l'encontre des internautes. Dans sa croisade contre ces pratiques, il a visé plus précisément Magali Berdah, ce qui a entraîné de la part d'autres utilisateurs des réseaux sociaux des milliers de messages virulents. Ce sont leurs auteurs qui sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris. Ainsi, certains messages de menaces de mort contiennent le hashtag #LaPiraterie, en référence à la marque de vêtements de Booba et à l'appellation qu'il donne à sa communauté de fans. "Il ne fait pas de doute que l'intentionnalité de ces messages va être au cœur des procès", estiment les trois avocats de Magali Berdah. 

De son côté, le rappeur a été mis en examen le 2 octobre pour harcèlement moral aggravé, des faits qu'il a aussitôt démentis. Si Magali Berdah considère Booba comme responsable de ce déferlement, au contraire, le rappeur se dédouane de toute responsabilité dans le contenu des messages des internautes. Et se définit comme un "lanceur d'alerte" dont l'"action a été motivée par un seul but : dénoncer les influenceurs".

4 Pourquoi y a-t-il trois procès ?

Ils correspondent aux trois vagues d'interpellations menées dans cette affaire, à des moments différents. C'est le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH), créé en 2021, qui a coordonné et centralisé les investigations menées dans différentes régions de France. Le PNLH enquête depuis mai 2022 sur le cyberharcèlement qui vise Magali Berdah, à la suite de plusieurs plaintes de la femme d'affaires de 41 ans, fondatrice d'une entreprise spécialisée dans les relations entre les personnalités issues de la télévision et les marques.

Le premier procès aura lieu lundi 27 et mardi 28 novembre, puis lundi 4 et mardi 5 décembre. Il permettra de juger treize personnes sur un total de 28. Huit prévenus seront jugés lors du deuxième procès, les 11 et 12 décembre. Enfin, sept personnes comparaîtront lors du troisième procès les 24, 29 et 30 janvier 2024.

Selon ses avocats, Magali Berdah sera présente. "Elle est prête à leur faire face, attend cela depuis longtemps. Ce procès est donc un moment important pour elle, il illustre la réalité du cyberharcèlement, qu'elle a subi", ajoutent-ils. Et de souligner : "L'enjeu de ce procès est de restaurer toutes les dimensions du statut de victime de Magali Berdah et d'envoyer un message fort à toutes les victimes de cyberharcèlement et à tous les auteurs, de leur dire que l'impunité n'a pas sa place sur internet."

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