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Internet pour rompre avec l’isolement des personnes âgées

Selon une étude du Credoc pour la Fondation de France, dévoilée lundi par franceinfo et Le Parisien, l’isolement touche cinq millions de Français et augmente avec l’âge. Pour y échapper, des séniors s’initient à Internet, avec plus ou moins de conviction.

Article rédigé par Jérôme Jadot, Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les résidents de la maison de retraite de Baignes-Sainte-Radegonde, près d'Angoulême, s'initient à Internet. Objectif : rompre avec l'isolement.  (JÉRÔME JADOT / RADIO FRANCE)

Selon une étude du Credoc pour la Fondation de France, dévoilée lundi 05 décembre par franceinfo et Le Parisien/Aujourd'hui en France, cinq millions de Français se trouvent dans une situation d’isolement objectif et ne rencontrent donc jamais, ou que très rarement, leurs familles, leurs amis, leurs voisins ou collègues. Ce nombre semble stable par rapport à la dernière enquête du genre il y a deux ans, mais en hausse d'un million par rapport à celle de 2010.

Une ouverture sur l'extérieur

S’il reste plus fréquent chez les chômeurs et les personnes ayant de bas revenus, cet isolement augmente également avec l’âge. Alors pour aider les seniors à garder le contact avec l’extérieur, l'association Espace numérique Sud Charente, se rend dans des maisons de retraite pour initier les pensionnaires à l'usage d'Internet.

C’est le cas à Baignes-Sainte-Radegonde, près d'Angoulême, où franceinfo s’est rendue. Au milieu d'une quinzaine de pensionnaires aux têtes blanches, sagement assises à côté de leurs déambulateurs, Didier Jamot-Aupetit navigue sur internet. Le contenu de son écran est projeté sur un mur. "C’est intéressant", confie une pensionnaire après une démonstration des possibilités offertes par "Google Street", car "quand on est dans un chariot toute la journée, on a besoin de s’évader", poursuit-elle.

Du scepticisme

Mais cette navigation sur le web n’est pas forcément facile à suivre pour ces personnes âgées, à l’image de la doyenne de l’établissement Antoinette, 104 ans. "J’entends pas trop clair et j’y vois pas beaucoup", nous dit-elle. Une réticence à surfer soi-même partagée par Madeleine, 90 ans. "Ça ne m’intéresse pas du tout du tout, affirme-t-elle. Déjà quand j’avais un nouveau appareil ménager j’osais pas m’en servir, alors là..."

Après une tranche de cake pour le goûter, Didier Jamot-Aupetit passe malgré tout à l'étape suivante : la création d'une adresse électronique pour se reconnecter avec sa famille. Assise au fond de la salle, Yvette, 96 ans, reste sceptique. "Je veux pas, je suis trop âgée et j’y connais rien du tout", raconte la vielle dame qui estime qu’il est "trop tard" pour elle pour apprendre. Yvette n’a pas d’enfants, ni de petits enfants, elle est "toute seule", résume-t-elle, et ne croit pas qu’Internet y changera quoi que ce soit. "Moi je tricote", dit-elle.

La famille pour motivation

Même si la séance n’aura pas convaincu tout le monde, elle aura tout de même permis de "passer un moment" ensemble, concède Yvette. "Et puis, on s‘est amusée avec la voisine à taper sur le truc (la tablette), on faisait des petits carrées", renchérit une pensionnaire, visiblement amusée.

Mais les jeux, ça ne passionne pas Jacqueline, 87 ans. Ce qu’elle voudrait c’est un chat vidéo avec ses deux arrière-petits enfants. "Bien-sûr que ça manque. Téléphoner c’est bon mais on ne les voit pas. Moi je ne vois pas les gosses grandir", alors que via Internet "on les voit" ! souligne l’octogénaire, qui a déjà été initiée au web par sa filleule. Une nouvelle technologie qui ne lui fait pas peur. "C’est comme une machine à écrire, ni plus ni moins", lance l'ex dactylo, qui a donc pour mission de collecter les identifiants de ses descendants. Mais à l'heure de l'immédiateté du web, Jacqueline devra attendre deux semaines pour espérer se connecter, date prévue pour la prochaine séance.

Internet pour rompre avec l’isolement des personnes âgées. Le reportage à Baignes-Sainte-Radegonde, près d'Angoulême, de Jérôme Jadot

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