Contraception gratuite pour les filles de moins de 15 ans : "Cette mesure doit s’accompagner de l’éducation à la sexualité"
Dans son avant-projet de loi de financemebnt de la Sécurité sociale pour 2020, le gouvernement veut étendre la prise en charge intégrale de la contraception aux jeunes filles de moins de 15 ans. Pour Véronique Séhier, co-présidente du planning familial, la mesure va dans le bon sens.
Le gouvernement veut étendre la prise en charge "intégrale" des frais liés à la contraception aux jeunes filles de moins de 15 ans, selon l’avant-projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020. Aujourd’hui seules les mineures de plus de 15 ans en bénéficient. Pour Véronique Séhier co-présidente du planning familiale, "cette mesure (…) doit s’accompagner absolument de l’éducation à la sexualité."
Franceinfo : Est-ce que cette mesure va dans le bon sens ?
Véronique Séhier : Oui. Il est important de préciser que la contraception est gratuite et légale pour les mineures depuis 1974 dans tous les centres de planification. Mais comme il n’en existe pas sur l’ensemble du territoire français, une mesure a été mise en place en 2013 pour permettre l’accès à cette contraception gratuite de façon confidentielle, dans les cabinets médicaux ou les cabinets de sages-femmes. On n’avait pas bien compris pourquoi, mais la loi l’avait alors limité à partir de 15 ans, donc là, cette nouvelle mesure dans l’avant-projet de loi rétablit l’égalité d’accès à toutes les personnes mineures et permet que l’âge de 15 ans ne soit plus une barrière pour avoir accès à cette contraception gratuite.
Qu’est-ce que ça va changer ou apporter à ces jeunes filles ?
Cette mesure toute seule doit s’accompagner absolument de l’éducation à la sexualité. Ce que ça va changer, c’est que ça va permettre à toute personne sans barrière d’âge, d’accéder à la contraception de façon gratuite et confidentielle. Depuis 2013, on constate que cette mesure est très peu connue. Elle est très connue dans les centres de planification, où on a tous les jours beaucoup de jeunes qui viennent chercher une contraception gratuite et anonyme, mais peu dans des cabinets ! Donc il faut l’accompagner d’une information qui soit importante auprès des jeunes mais aussi auprès des professionnels de santé. Il faut aussi développer l’éducation à la sexualité qui permet aux jeunes d’avoir une bonne connaissance de leur corps, des moyens de prévention et de protection contre une grossesse non prévue.
Dans cet avant-projet de loi, un chiffre est précisé : chaque année, près de 1.000 jeunes filles de 12 à 14 ans sont enceintes en France et parmi ces grossesse, 770 se concluent par une IVG (interruption volontaire de grossesse), cette mesure pourrait-elle faire baisser ces chiffres ?
On ne peut pas différencier avortement et contraception qui sont deux facettes d’un même droit à pouvoir choisir de poursuivre ou non une grossesse. En plus de l’éducation et de l’information, il est absolument important de développer les lieux-ressource d’accès à la contraception, et de faire en sorte que ce soit confidentiel parce qu’au début, les jeunes n’osent pas toutes en parler avec leurs parents. Il est aussi important de rappeler que la contraception, ça ne concerne pas que les filles, mais cela concerne les filles et les garçons !
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