Révocation du droit constitutionnel à l'IVG aux Etats-Unis : les dirigeants étrangers dénoncent une décision "horrible" et "un jour sombre"
La très conservatrice Cour suprême des Etats-Unis a enterré vendredi un arrêt qui, depuis près d'un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter mais n'avait jamais été accepté par la droite religieuse.
Ce qu'il faut savoir
Les réactions de dirigeants internationaux s'enchaînent. Après la décision de la Cour suprême des Etats-Unis, qui a dynamité, vendredi 24 juin, le droit constitutionnel à l'avortement dans le pays, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a déploré sur Twitter une nouvelle "horrible". Son homologue française Elisabeth Borne a quant à elle regretté "un jour sombre pour les droits des femmes", tandis qu'Emmanuel Macron a qualifié l'avortement de "droit fondamental pour toutes les femmes" et affirmé qu'"il fa[llai]t le protéger". Le Premier ministre belge Alexander de Croo s'est dit "très inquiet", ajoutant qu'"interdire l'avortement ne conduit jamais à une baisse de leur nombre, seulement à des avortements plus dangereux". Ce direct est désormais terminé.
Joe Biden déplore "une erreur tragique". "Il est très clair que la santé et la vie des femmes de cette nation sont menacées", a déclaré le président américain, qui a regretté "un triste jour pour la Cour et pour le pays" et une décision qui "fait revenir l'Amérique 150 ans en arrière". Le démocrate de 79 ans, fervent catholique, a également mis en avant la menace que représentait ce jugement pour d'autres droits, comme le droit à la contraception.
Joe Biden avait déjà promis d'agir par décret pour protéger l'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), mais sa marge de manœuvre en la matière est très mince. Il a donc appelé les électeurs à manifester "pacifiquement" et à réclamer ce droit "dans les urnes" lors des élections législatives de novembre, pour obtenir une majorité favorable à l'adoption d'une "loi fédérale" et garantir le droit à l'avortement au niveau national.
"C'est la volonté de Dieu", déclare Donald Trump. L'ex-président des Etats-Unis, qui a nommé trois des juges suprêmes ayant approuvé la suppression du droit constitutionnel à l'avortement, a déclaré sur Fox News que la décision répondait à "la volonté de Dieu". La décision "suit la Constitution", et "ramène [le choix d'autoriser l'avortement] au niveau des Etats, ce qui aurait toujours dû être le cas", a ajouté l'homme d'affaires.
Les Etats de Californie, de l'Oregon et de Washington s'engagent ensemble à défendre le droit à l'avortement. Les trois Etats progressistes de la côte ouest des Etats-Unis ont publié "un engagement pour défendre l'accès aux soins de santé reproductive, y compris l'avortement et les contraceptifs, et se sont engagés à protéger patientes et médecins contre les tentatives d'autres Etats d'exporter leur interdiction de l'avortement vers nos Etats", selon un communiqué.
Le Missouri, "premier" Etat à interdire l'avortement. Le procureur général du Missouri a annoncé que cet Etat conservateur du centre des Etats-Unis est devenu le "premier" à interdire les interruptions volontaires de grossesse dans la foulée de la décision de la Cour suprême. "C'est un jour monumental pour le caractère sacré de la vie", a déclaré Eric Schmitt. Cet Etat ne disposait plus que d'une clinique permettant une telle opération.
"Une nouvelle arène s'ouvre" selon Mike Pence. "En renvoyant la question de l'avortement aux Etats et au peuple, la Cour suprême a réparé une erreur historique", s'est félicité sur Twitter l'ancien vice-président Mike Pence, ancien bras droit de Donald Trump à la Maison Blanche. Maintenant que le célèbre arrêt qui garantissait ce droit depuis près de cinquante ans au niveau fédéral a été "jeté aux oubliettes de l'Histoire, une nouvelle arène s'ouvre", a ajouté ce républicain.
Les "libertés fondamentales attaquées" pour Barack Obama. "Aujourd'hui, la Cour suprême a non seulement renversé près de cinquante ans de précédent historique, elle laisse également au bon vouloir des politiciens et idéologues la décision la plus personnelle qui soit", a déclaré l'ancien président démocrate Barack Obama sur Twitter, accusant la haute juridiction d'avoir "attaqué les libertés fondamentales de millions d'Américaines".