"Elle est devenue une femme combattante au retour des camps"
Sarah Briand, auteure de "Simone, éternelle rebelle", est l'invitée de Julien Benedetto sur Franceinfo.
Sarah Briand, journaliste, réalisatrice et auteure d'une biographie de Simone Veil, "Simone éternelle rebelle", est l'invitée de Julien Benedetto, vendredi 30 juin, sur Franceinfo.
Pour écrire cette biographie, Sarah Briand a rencontré Simone Veil à plusieurs reprises. Elle en garde le souvenir "d'une femme un petit peu différente de la femme publique qu'on a l'habitude de voir, qu'on voit encore aujourd'hui dans les archives. J'ai découvert une femme beaucoup plus drôle que ce qu'elle laissait paraître, une femme qui dans la vie publique avait cette carapace qu'elle s'était forgée, que l'on comprend avec son histoire. Il n'y a que Jacques Chirac qui l'appelait "poussinette", qui avait le droit de la prendre par les épaules. Mais dans la vie intime, elle était aussi comme ça avec ses petits-enfants. Ses enfants m'ont donné des films de famille à Venise où on la voit assise sur les genoux de ses enfants. C'était une femme moins stricte que celle que l'on découvre sur les images d'archives, mais tout cela est dû à son histoire. Cette force qu'elle a eu, qu'elle avait déjà petite, parce que c'était une fille un peu rebelle, cette force, cette femme combattante qu'elle est devenue au retour des camps, c'est quelque chose qui lui a servi pour tous ses combats".
"Des croix gammées peintes dans son immeuble"
Novembre 1974, Simone Veil prononce l'un des discours les plus marquants de la Vème République. Elle est ministre de la Santé et défend à l'Assemblée nationale la loi sur la légalisation de l'avortement. Ce discours a provoqué un débat d'une rare violence. Simone Veil reçoit des menaces de mort. Elle a même pleuré pendant les débats houleux. "Il faut dire que ce projet de loi c'est le destin qui lui a mis sur sa route politique. Lorsqu'elle monte à l'Assemblée ce jour-là, personne ne la connaît; elle est complètement inconnue du grand public. Mais ce projet de loi a été voulu par Valéry Giscard-d'Estaing, c'était une promesse de campagne et elle a tout de suite pris ça très à coeur. Elle s'est battue. Les attaques les plus virulentes venaient de son propre camp. La loi est passée grâce aux députés de l'opposition. Ca a été très violent, il y a même eu des croix gamées peintes dans son immeuble. Elle a reçu des lettres d'insultes et ce qu'il faut savoir, c'est que pendant des années après le projet loi, les lettres d'insultes ont continué à arriver chez elle", raconte Sarah Briand.
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