: Reportage Droit à l'avortement : face à l'interdiction de l'IVG au Texas, la détresse des femmes et la colère des rares soignants qui continuent à les aider
"Votez, vos droits en dépendent." Sur les murs d'un centre de soins de Houston, au Texas, ce message traduit ce qui a changé pour les femmes aux États-Unis depuis un an et demi. Il fait référence à la restriction de l'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans le pays depuis le 24 juin 2022, date à laquelle la Cour suprême américaine a statué que la Constitution des États-Unis ne garantissait pas le droit à l’avortement.
Depuis, 14 États ont totalement interdit le recours à l'IVG, dont le Texas. Dans le deuxième État américain le plus peuplé – 30 millions d’habitants – environ 25 centres qui pratiquaient des avortements ont totalement fermé leurs portes. Il ne reste plus que trois cliniques qui continuent à aider des femmes à avorter ailleurs et à assurer des soins pré et post-avortement.
À Houston, les patientes sont reçues dans un écrin de douceur, dans une ambiance feutrée. Environ 200 femmes s'y succèdent chaque mois, une goutte d'eau quand on sait qu'on dénombrait auparavant jusqu'à 3 000 IVG par mois à Houston. "Elles arrivent pétrifiées, elles ne savent pas où aller, elles ont l'impression qu'en vivant au Texas, c'est illégal pour elles d'aller avorter ailleurs, raconte Glenda, qui enchaîne les échographies. On a beaucoup de patientes en pleurs. C'est difficile." Leur santé, voire leur vie, est menacée.
Des conséquences "horribles"
Les médecins hospitaliers craignent désormais de devoir aider des femmes développant des complications pendant leur grossesse. "Ce sont d'horribles conséquences. Quatre femmes avec des grossesses extra-utérines ont été refusées à l'hôpital, on leur a demandé d'attendre et de revenir", révèle Kathy Kleinfeld, administratrice de la clinique. C'est une situation "révoltante", qui l'engage d'autant plus à continuer ses soins pré et postopératoires.
Mais le combat est aussi à mener dans les urnes. "On le dit tout le temps à nos patientes qui nous demandent comment on en est arrivés là. On leur explique que c'est parce que Trump a été président et qu'il a nommé des juges ultra-conservateurs à la Cour suprême", rappelle Kathy Kleinfeld.
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