Affaire Tapie : Christine Lagarde auditionnée fin mai par la Cour de justice
Selon Mediapart, l'audition
devant la Cour de justice de la République (CJR) aura lieu le 23 mai. S'il n'a pas confirmé la date, l'avocat de la directrice générale a confirmé jeudi matin la convocation. Il s'est aussi félicité de cette
convocation : "Mme Lagarde aura ainsi l'occasion d'apporter pour la
première fois les explications et précisions qui l'exonèrent de toute
responsabilité pénale ", a expliqué Me Yves Repiquet.
Christine Lagarde a elle réagi, lors de la conférence de presse d'ouverture de l'Assemblée générale du FMI à Washington, déclarant qu'elle ne voyait "rien de nouveau sous le soleil ". "Cela ne change rien à ma détermination, à ma concentration et à mon enthousiasme " à la tête du FMI, a-t-elle déclaré.
Un chèque de 400 millions d'euros
Que reproche-t-on à Christine
Lagarde ? D'avoir eu recours, en dépit des mises en garde de ses services, à
un arbitrage privé pour solder le litige financier entre le Crédit lyonnais et
Bernard Tapie sur le rachat d'Adidas. L'homme d'affaires s'estimait lésé : le
Lyonnais ne lui aurait pas racheté Adidas à sa juste valeur en 1993. La revente
de l'entreprise, l'année suivante, au double de son prix d'achat (700 millions
d'euros) venant à l'appui de sa démonstration.
En 2007, après des années de
procédure, les parties acceptent la saisine d'un tribunal privé. Christine
Lagarde est à la manœuvre, invoquant la nécessité de mettre fin à une procédure
judiciaire coûteuse. L'année suivante, le Consortium de réalisation (organisme public créé pour
gérer le passif du Crédit lyonnais) est condamné à verser 285 millions d'euros
à Bernard Tapie, soit quelque 400 millions en y ajoutant les intérêts. Bercy renonce à tout recours et assure que l'essentiel sera récupéré par l'État
via l'impôt, ce qui est faux.
L'arbitrage comporte "de nombreuses anomalies et irrégularités"
En 2011, la
CJR, habilitée à juger des ministres pour des faits commis dans l'exercice de
leur fonction, est saisie. Une enquête vise Christine Lagarde pour
"complicité de faux" et "complicité de détournement de biens
publics", passibles de dix ans de prison.
La CJR estime que la ministre de l'Economie de l'époque s'est impliquée "personnellement ", et que l'arbitrage comporte "de nombreuses anomalies et irrégularités ". Le doute est jeté sur l'impartialité de l'un des trois juges du tribunal
arbitral, et certains soupçonnent l'Elysée d'avoir donné les ordres.
De nombreuses perquisitions ont été
menées, dans le cadre des enquêtes, aux domiciles de Christine Lagarde, Claude
Guéant (ancien secrétaire général de l'Elysée), Stéphane Richard (directeur de
cabinet de Christine Lagarde à Bercy) et Bernard Tapie, mais aussi chez les
trois juges arbitraux.
L'audition de Christine Lagarde pourrait déboucher sur sa mise en examen.
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