Amende requise contre le viticulteur bio qui refusait de traiter ses vignes
Depuis quarante ans, Emmanuel
Giboulot gère en mode bio un vignoble de dix hectares en Côte-de-Beaune et en Hautes-Côtes de Nuits. Il n'utilise aucun pesticide, même naturel comme la pyréthrine. Au
nom de ses principes, il a refusé en juin 2013, d'appliquer
la consigne préfectorale : un traitement des vignes contre la cicadelle, l'insecte qui répand la maladie de la flavescence
dorée. Son refus l'a conduit ce lundi, au tribunal de grande instance de Dijon, où une amende a été requise.
Les
écologistes contre un arrêté préfectoral
Près de 400 personnes
manifestaient devant le tribunal de Dijon, lundi à l'ouverture
de l'audience. Les soutiens s'affichaient sur des pancartes avec ces mots "Pesticides veut dire tuer" ou encore "Emmanuel est un honnête citoyen" . Alors que Sandrine Bélier, députée européenne Europe Ecologie Les Verts (EELV) défend "la liberté de choix en l'absence de menace sanitaire avérée" , l'avocat du vigneron plaide l'absence d'urgence de l'alerte
lancée en 2013 par le préfet, "aucune parcelle du département n'étant touchée."
L'alternative au
pesticide contre la cicadelle
Le bureau interprofessionnel
des vins de Bourgogne (BIVB) n'a pas apprécié pas de voir les médias se focaliser sur
les traitements, utiles ou pas, dans les vignes. La profession a vu dans ce procès une mauvaise publicité pour la production envoyée aux quatre coins du
monde. Elle soutient que le vigneron bio n'est pas, en Côte-d'Or, "le
seul défenseur de la nature." Le BIVB s'inquiète aussi d'une vidéo
divulguée par une association basée à Bruxelles qui se ferait le chantre d'une
médecine douce contre la cicadelle, à base de "pièges orange et d'apport d'argile" .
Le parquet a requis une amende de 1.000 euros, dont la moitié assortie de sursis. Le tribunal de Dijon a mis son jugement en délibéré au 7 avril. "J'espère que ça permettra à notre profession d'essayer de développer des techniques alternatives, de façon à chaque fois que c'est possible de limiter l'usage des produits de traitement et des insecticides en particulier" a expliqué Emmanuel Giboulot, le viticulteur poursuivi à l'issue de l'audience.
Sanction logique pour Stéphane Le Foll
"Je pense qu'il a fait prendre un risque à tout le monde ", explique le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. "Quand le préfet prend la décision qu'il a prise, c'est qu'il y a une maladie contagieuse. Si on ne traite pas de manière globale, le risque c'est la diffusion de cette maladie contagieuse ", a justifié Stéphane Le Foll qui veut également prendre du recul :
"On ne va pas considérer qu'il y a un État vilain qui voudrait punir un gentil viticulteur qui fait du bio. Soyons objectifs. Le réquisitoire montre que la justice a été capable d'en tenir compte."
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