Après les aveux, Jérôme Cahuzac mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale
Jérôme Cahuzac est finalement passé aux aveux. Interrogé par les juges d'instruction au pôle financier du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris depuis le début de l'après-midi, l'ancien ministre du Budget a préféré publier lui-même un communiqué, sur son blog personnel.
Dans ce communiqué, il reconnaît avoir possédé un compte à l'étranger "depuis une vingtaine d'années" . Il ajoute demander pardon pour "une faute inqualifiable" , au président Hollande et au gouvernement Ayrault pour le "dommage" qu'il leur a causé. Jérôme Cahuzac se dit "dévasté par le remords" .
"J'affronterai désormais cette réalité en toute transparence" , conclut-il.
Auditionné par les juges
Jérôme Cahuzac était arrivé mardi après-midi au pôle financier du Tribunal de Grande Instance de Paris, pour y être entendu à sa demande par les juges d'instruction, Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire, chargés du dossier le concernant. Les deux juges ne lui ont posé aucune question, écoutant simplement sa déclaration.
Les yeux dans les yeux face au chef
de l'État, face au Premier ministre, en conseil des ministres, face aux
députés, face aux plus grands intervieweurs, durant des mois, Jérôme Cahuzac a
nié avoir jamais possédé de comptes en Suisse ou à Singapour. Il l'avait redit devant les députés le 6 décembre dernier.
Mais ce mardi, il a donc opéré un changement de cap assez spectaculaire.
"Je les ai informés de ce que j'avais d'ores et déjà donné les instructions nécessaires pour que l'intégralité des actifs déposés sur ce compte, qui n'a pas été abondé depuis une douzaine d'années, soit environ 600.000 euros, soient rapatriés sur mon compte bancaire à Paris" (Jérôme Cahuzac)
L'ancien ministre du Budget a été, dans la foulée, mis en examen pour "blanchiment de fraude fiscale", mais aussi "blanchiment de fonds provenant de la perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale", à l'issue de son audition. Selon son avocat, Me Jean Veil : "Ce compte n'a pas été abondé depuis 2001 et l'essentiel de ses revenus provenait de son activité de chirurgien et accessoirement de son activité de consultant (pour l'industrie pharmaceutique)" .
Conversation téléphonique
Jérôme Cahuzac est soupçonné
d'avoir détenu un compte à la banque suisse UBS jusqu'en 2010, puis à la banque Reyl & Cie. Les sommes auraient
ensuite été transférées à Singapour. Sur ce compte, de l'argent touché de
laboratoires pharmaceutiques. L'ancien chirurgien qui a fait fortune dans les
implants capillaires, a toujours nié. Selon le Canard enchaîné , daté de ce mercredi, il possèderait notamment un compte dans une banque à Singapour, affichant toujours un solde de plus de 500.000 euros.
Les informations de Mediapart validées
Le 19 mars, le parquet de Paris avait annoncé l'ouverture d'une information
judiciaire contre X pour "blanchiment de fraude fiscale". En quelques
heures, le sort du ministre était scellé : sa démission était devenue inéluctable.
L'affaire avait été révélée par Mediapart
début décembre. Le site avait notamment produit, pièce centrale du dossier, un enregistrement de
conversation téléphonique dans laquelle un homme, présenté comme Jérôme
Cahuzac, évoque son compte chez UBS : "Ça me fait chier d'avoir un
compte ouvert là-bas. L'UBS c'est quand même pas forcément la plus planquée des
banques." L'enquête de police a démontré que l'enregistrement n'avait subi
"aucune altération ou modification" et que Jérôme Cahuzac était
probablement l'orateur.
Le patron de Mediapart , Edwy Plenel, a évidemment réagi à ces nouveaux rebondissements, notamment sur le réseau social Twitter :
#Cahuzac Et aussi #Bettencourt #Tapie #Sarkozy #Takieddine #Karachi Utilité d'une presse libre au service du public. http://t.co/5nJtfn2u6m
— Edwy Plenel (@edwyplenel) April 2, 2013
En décembre dernier, Jérôme Cahuzac avait répliqué en portant plainte contre Mediapart pour diffamation.
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