Areva : un rapport accable Anne Lauvergeon
La stratégie générale d'Areva qualifiée de "f uite en avant ", la rémunération des dirigeants, la commercialisation du réacteur EPR, l'affaire Uramin (objet d'une enquête préliminaire)..., la Cour des comptes n'est pas été tendre avec Anne Lauvergeon.
Dans un rapport dont Les Echos publient mardi de larges extraits, les Sages critiquent la manière dont l'ancienne présidente d'Areva a géré le géant du nucléaire français, entre 2006 et 2011.
Des choix critiqués
"Un certain nombre de difficultés du groupe (...) dans la période antérieure à 2012, proviennent avant tout de la forte personnalité de la présidente du directoire ", lit-on dans un des extraits publiés par le quotidien économique.
La Cour des comptes ne se borne pas à la période Lauvergeon mais s'étend aussi à l'organisation actuelle de sa gouvernance, jugée responsable de choix aujourd'hui critiqués.
"Dans le schéma actuel de gouvernance, le directoire a pu prendre seul la décision de signer le contrat de l'EPR finlandais OL3, source d'une perte de plus de trois milliards d'euros pour Areva"
La Cour estime à ce propos qu'"on ne peut plus croire " à une livraison du réacteur en 2014, comme Areva le promet toujours publiquement après plusieurs reports.
"Atomic Anne" sous le feu des critiques
Ce pré-rapport est particulièrement sévère pour celle que l'on surnommait "Atomic Anne" et dont les rapports tendus avec le PDG d'EDF Henri Proglio ont défrayé la chronique.
La Cour estime que le "modèle intégré " défendu par Anne Lauvergeon - de l'extraction de l'uranium au retraitement des déchets en passant par la conception et la construction des réacteurs - "n'est pas définitivement convaincant ". Pendant la période concernée, Areva a financé ses investissements "majoritairement grâce à ses cessions " (d'actifs), faute de flux de trésorerie opérationnels suffisants, rappelle la Cour des comptes.
Bilan financier "peu satisfaisant " et niveaux de rémunération "contestables "
En 2007, Areva a en revanche acheté "de façon imprudente et à un prix très élevé " la société minière canadienne Uramin, qui détenait des droits sur trois gisements africains d'uranium, dont la valeur s'est avérée faible quatre ans plus tard. Ce qui n'a pas empêché le groupe d'investir "dans la hâte " sans tenir compte de la chute du cours de l'uranium, souligne la Cour, selon laquelle cette affaire, "dont les tribunaux ont encore à connaître " puisqu'une enquête a été ouverte, fait apparaître "des fautes individuelles ".
Globalement, la Cour des comptes juge le bilan financier des grands projets d'Areva "peu satisfaisant ". Le groupe a accusé en 2013 une perte pour la troisième année d'affilée, reflet d'une situation que le rapport juge d'autant plus inquiétante qu'Areva ne dispose plus d'actifs majeurs à céder.
La Cour des comptes épingle enfin la rémunération des membres du conseil de surveillance du groupe sous la présidence Lauvergeon, sur la base de taux de réussite "contestables ". De même, la Cour critique les indemnités de départ d'Anne Lauvergeon, dont le niveau est jugé "excessif ".
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